Les troubles de la santé mentale affectent aujourd’hui un Français sur cinq, en particulier les jeunes, a souligné le Premier ministre Michel Barnier lors de son discours de politique générale du 1er octobre 2024. L'impact sur les familles et les proches est immense, a-t-il ajouté. La journée mondiale de la santé mentale, célébrée le 10 octobre, met en lumière cette problématique. Selon l’OMS, la santé mentale se définit comme un "état de bien-être qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés normales de la vie, de travailler de manière productive et d’apporter une contribution à la communauté". Le professeur Raphaël Gaillard, médecin psychiatre spécialisé dans la dépression et la schizophrénie, récemment élu à l’Académie française, était l'invité de Louis Dausfresne et Pierre-Hugues Dubois pour aborder cette question.
Les troubles anxieux et dépressifs sont en augmentation constante depuis plusieurs années. Entre 2010 et 2017, la prévalence de la dépression a progressé de 2 %, avec une nouvelle hausse de 3 à 4 % ensuite, touchant désormais environ 13 % de la population. Cette tendance est préoccupante, car elle révèle une détresse psychique de plus en plus généralisée. Selon le professeur Gaillard, "le seul moyen de faire déprimer une souris, c’est l’incertitude, ce n’est pas la maltraitance, c’est qu’elle ne sache pas quand on va la maltraiter." De manière similaire, dans notre société marquée par l'instabilité et l'incertitude, la peur de l'avenir semble être un facteur déterminant de l'augmentation des dépressions et de l'anxiété chez les humains. La dépression est le "mal du siècle", bientôt selon l’OMS elle sera la première cause de handicap dans le monde. Outre la dépression,"1% de la population générale souffre de schizophrénie et 2% souffre de bipolarité". Ces troubles se manifestent par des symptômes distincts, bien qu’ils ne puissent être diagnostiqués via des examens biologiques. La schizophrénie est marquée par une désorganisation de la pensée et des hallucinations, tandis que le trouble bipolaire alterne entre des phases dépressives et des phases d'exaltation. Les traitements actuels sont efficaces pour environ 60 % des patients, mais un tiers d'entre eux, notamment ceux atteints de dépression, ne trouvent pas de réponse satisfaisante. Cela souligne la nécessité de progrès médical pour améliorer la prise en charge de ces troubles qui touchent un grand nombre de personnes.
"Il y a des maladies qui peuvent peut-être s'expliquer par aussi un environnement médiatique. Les médias ont finalement une part de responsabilité aussi peut-être dans ce côté dépressionnaire au-delà même de l'économie, de la politique, de tout ce monde qui patine et qui peut-être n'offre que des perspectives bouchées, mais ça c'est pour une explication de l'environnement". La technologie et l’intelligence artifice peuvent provoquer "une forme d'enthousiasme" chez les jeunes mais aussi de "l’inquiétude". Le professeur Gaillard ne prend pas une position décliniste sur ce sujet. Il pense que pour accueillir la technologie et l’IA dans son quotidien "Il faut être armé pour naviguer dans cet univers, dans ces technologies, plutôt qu'y aller tout seul, dans sa propre solitude et sans jamais avoir la possibilité que de se reprocher à soi de ne pas être parvenu au succès."
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