Du 18 au 24 novembre a lieu la semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, une période dédiée à des propositions d’actions concrètes pour faciliter les chances d’employabilité des personnes en situation de handicap. Invitée de la Matinale, Marie-Amélie Le Fur, athlète handisport et présidente du comité paralympique et sportif français partage sa vision de cette semaine : "C’est quelque chose qui nous concerne toutes et tous, et moi qui me touche personnellement puisque je suis en situation de handicap".
Une enquête IFOP révèle que trois personnes en situation de handicap sur quatre estiment que leur handicap freine leur situation professionnelle. Selon Marie- Amélie Le Fur, les jeux paralympiques ont permis non seulement de normaliser l’accès au sport des personnes en situation de handicap, mais aussi de questionner leur place dans la société, notamment en matière d’accessibilité et d'employabilité. D’où l'ambition portée par ces Jeux : "Ce que nous voulions démontrer au travers de ces Jeux Paralympiques, c'est que dès lors qu'on crée des environnements capacitants, (…) on est capable de mettre les personnes en situation de handicap dans des situations de performance."
Reconnaître une différence pour l’intégrer
Le premier pas vers l'inclusion consiste à dépasser une certaine peur, qui reste un frein majeur. "L'un des premiers obstacles à l'employabilité des personnes handicapées, c'est la peur", martèle Marie-Amélie Le Fur, "peur d'être stigmatisé pour les uns, peur de mal faire pour les managers." Ce regard réducteur limite non seulement les opportunités professionnelles, mais freine aussi la reconnaissance des talents uniques que ces collaborateurs apportent. Pourtant, des outils existent. La reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH) est, selon l'athlète, une étape importante : "Elle donne à l'entreprise les moyens d'accompagner efficacement et d'adopter une posture bienveillante, mais exigeante. Le handicap ne doit pas être une excuse à une moindre performance", insiste-t-elle.
Cette exigence est essentielle pour éviter de cantonner les personnes concernées dans un rôle à part. "La meilleure reconnaissance, c'est d'intégrer leur singularité sans en faire un sujet permanent", précise-t-elle, rappelant que des ajustements ponctuels dans des périodes de fatigue ou de douleurs plus intenses peuvent faire toute la différence.
Éducation et inclusion, des bases pour demain
L'athlète plaide aussi pour une inclusion dès le plus jeune âge, notamment à l'école et dans le sport. "Une école inclusive, c'est apprendre à vivre ensemble, sans cloisonner. Cela déconstruit les peurs de l'autre", affirme-t-elle. Une idée qui trouve un écho particulier dans des initiatives comme les Jeux paralympiques. Mais elle souligne aussi une notion essentielle : au-delà des quotas, intégrer un employé en situation de handicap est une valeur ajoutée pour l'entreprise. En effet, bien que la loi impose aux entreprises de plus de 20 salariés un quota de 6 % de travailleurs handicapés, certaines entreprises continuent de percevoir cette obligation comme une contrainte. Un état d'esprit à changer, selon Marie-Amélie Le Fur : "Recruter une personne handicapée, ce n'est pas seulement répondre à une obligation, c'est enrichir le collectif de travail. Leur singularité apporte de nouvelles perspectives et améliore même les méthodes managériales."
Enfin, elle insiste sur l'importance de l'éducation : "Les entreprises doivent s'engager dès le collège et le lycée pour dire aux jeunes handicapés : vous avez votre place ici. Parfois, une phrase suffit à changer une vie."
Il est essentiel de se rappeler que l’inclusion des personnes en situation de handicap est un atout pour la société dans son ensemble. Elle favorise l'innovation dans plusieurs secteurs d’activité, c’est même une "plus-value" ! Certes, collaborer avec une personne en situation de handicap peut être, de prime abord, déconcertant. Mais au final, les enjeux professionnels sont un défi de taille pour tout un chacun !
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