Le père Guy-Emmanuel Cariot est le recteur de la basilique Saint-Denys d'Argenteuil, exorciste diocésain. 

L'ouverture des JO se voulait inclusive ?

Elle ne l'a pas été. Beaucoup de téléspectateurs de par le monde ont été choqués par les images présentant des drag queens (avec une enfant d'ailleurs au milieu d’eux). Beaucoup ont été choqués par une certaine vision de l'histoire de France commençant à la Révolution par la mise à mort d'une femme étrangère. Cela fait-il partie des heures glorieuses de notre nation ? La Révolution n'a été montrée que par un bain de sang galvanisé par un morceau de métal. Dont acte. Étrange début pour un spectacle inclusif. Comme si dans deux cent ans l'Irak célébrait les exactions de Daech.

 Le reste du spectacle transpirait le conformisme parisien du Marais. Beaucoup de scènes étaient ambiguës, grossières marquées par la devise présidentielle du « en même temps » : l'amour (certes grande, très grande valeur française et parisienne) vu sous l'angle couple à trois, l'obsession du LGBTQ+. Les homosexuels sont-ils à l'aise avec ces représentations hyper stéréotypées grotesques et clownesques ? ; le « en même temps » d'Aya Nakamura parlant des borborygmes incompréhensibles et sortant de... l'Institut, gardien de la langue française ; la vulgarité accompagnée de force par la Garde républicaine. Impression que beaucoup de choses ont été volontairement souillées. Quelle triste vision de la France et de Paris ! Les symboles utilisés fleurent bon la décadence, les loges et l'outrage.

 La cérémonie était-elle sataniste ?

Non. À mon avis la volonté de choquer a prévalu sur ce genre de projet. Certes, la Cène a été parodiée dans ce triste tableau décadent de Bacchus nu chantant une très inintéressante chanson sur la nudité. Voilà le drame en fait : sans âme, il ne reste que le vide abyssal. Et je n'ai pas vu l'âme de la France dans ce spectacle hors de prix : où était sainte Geneviève, une simple femme ayant tenu en respect l'envahisseur le plus cruel de son temps et sauvé Paris ? Où était Charles de Gaulle libérant Paris ? Où sont surtout les sportifs dans cette évocation parisienne ? On aurait aimé plus d'inclusion les concernant aussi. Mais Non, cela échappe au logiciel de Patrick Boucheron et Thomas Jolly. C'est très triste. Il est normal que les évêques aient réagi. Ce faisant, ils ne se victimisent pas et ne hurlent pas. Ils disent que le projet a été détourné et donc en partie raté. De nombreux pays ne se sont pas reconnus dans ce spectacle. Le choix n'a pas été celui de la beauté et de la force mais celui de la farce et du carnaval. Alors, bien entendu, il y a eu aussi de belles choses et franchement ça a fait du bien. Le final était très éloquent et grandiose. Tant mieux !

 Comment les chrétiens doivent-ils réagir ?

Comme des Français fatigués de tant de souillures mais aussi comme des vainqueurs disciples du vainqueur qu'est Jésus. Voir ce spectacle sans âme flirtant sans cesse avec des logiques de mort et de noirceur doit, non pas nous plonger dans l'amertume ou la colère, mais plutôt dans l'amour de nos contemporains et dans le zèle à transmettre le joie et la vie. Il y a certes des combats politiques à mener (réhabiter le monde de la culture par exemple) mais il ne faut pas s'exclure de ce monde imaginant que, ça y est, nous avons tout perdu. Car si il y a quelque chose de satanique, c'est cela : penser que ce spectacle représente ce que tout le monde pense. C'est absolument faux. Une petite intelligentsia parisienne déconnectée du monde du sport, déconnectée (absolument) de l'histoire de France, de la morale commune. Les drags queens sont comme les clowns, un phénomène de cabaret et en rien une réalité ou un problème social.

Bref n'ayons pas peur de tout cela. Colère oui car une fois de plus, on a joué avec l'argent public, on a sali gratuitement l'identité française et chrétienne, mais aussi force et espérance de voir combien la vie, ça n'est pas ça. Les humbles efforts des sportifs venant du monde entier, l'humble et puissante prière de milliards de chrétiens brillent infiniment plus que ces messages noirs, sinistres qui portent en eux-mêmes leur propre destruction. L'exorcisme de saint Benoit le dit en s'adressant au démon : bois toi-même ton venin !

 Place au sport et à la vie !