On se souvient tous de ce que nous faisions le 11 septembre 2001, il y a 20 ans. Marc Trévidic et Flore Gurrey, invités de Décryptage mercredi 15 septembre, ne l’ont pas oublié. Le premier avait rejoint depuis 2000 la section antiterroriste du parquet de Paris, occupé sur des dossiers liés au djihadisme, peu courus à cette époque. Il a donc vécu ces événements en première ligne côté français. “On pouvait penser que c’était une attaque internationale. Il y avait donc une certaine inquiétude”, se souvient le magistrat. La seconde, revenait du collège, scolarisée en 4e. “Nous avions allumé la télévision avec des images qui défilaient en boucle. C’était la préfiguration des chaînes d’info en continu”, souligne Flore Gurrey.
20 ans après, ces deux témoins indirects des attentats du 11 septembre 2001 présentent deux ouvrages sur le sujet. Deux livres qui racontent différemment, cette tragédie que tout le monde connaît, en se plaçant du côté de ceux qui l’ont vécu. “Le jour où les anges ont pleuré : l’histoire vraie du 11 septembre”, signé Mitchell Zuckoff et préfacé par Marc Trevidic s’emploie à faire entendre la voix des disparus, des témoins et sauveteurs, en somme, des hommes et femmes ordinaires, devenus ces héros d’un jour. Dans le livre qu’elle édite, “11 septembre une histoire orale”, Flore Gurrey présente une “façon de raconter l’histoire en prenant que pour seule matière l’histoire des gens”. Peu répandue en France, l’histoire orale est une manière de faire œuvre de mémoire. 20 ans après les attentats, le travail de mémoire doit plus que jamais être entrepris. “En effet, les moins de vingt ans n’ont pas connu ça”, précise Marc Trévidic. “En 2018, c’était la première année où étaient envoyés des soldats nés après 2001 en Afghanistan”.
Donner à voir le 11 septembre à travers les récits de témoins directs, c’est aussi donner à vivre l’événement dans toute sa globalité. Car le 11 septembre, ce n’est pas que des images. “C’est sensoriel”, ajoute Flore Gurrey. L’odeur du kérosène, la gorge qui pique, les yeux embrumés, le cœur qui palpite, la douleur, le bruit difficilement comparable à aucun autre bruit semblable… Et puis c’est aussi des anecdotes qui en disent long sur la violence des faits. “Tous ces talons aiguilles jonchant le sol du World Trade Center, abandonnés par ces femmes chic cherchant à fuire les lieux”, image l’éditrice. “Ou encore ce tétraplégique qui a descendu des dizaines d’étages avec l’aide de secouristes qui n’en étaient pas vraiment”. Ceux qui faisaient par exemple la sécurité du WTC, “des gens payés une misère et qui ont sauvé des vies”. “Il y en a des centaines d’autres architectes héroïques”, fait remarquer Flore Gurrey : “Par exemple, les contrôleurs aériens, qui ont permis l’atterrissage de 4500 avions atterris en 1h30”. L’histoire du 11 septembre, c’est aussi l’histoire de ces héros anonymes d’un jour.
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