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La vulgarisation historique avec Nota Bene
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La vulgarisation historique avec Nota Bene

Par Camille Meyer

Benjamin Brillaud est un youtubeur de 36 ans. Il a créé la chaîne Nota Bene qui a bouleversé la vulgarisation historique sur internet. Depuis dix ans, il propose des vidéos accessibles sur une multitude de sujets historiques, avec une approche ludique et originale. Il est le Grand Témoin de Louis Daufresne. 

Sa chaîne est devenue une véritable entreprise avec une dizaine de salariés et un budget annuel de près de 800 000 euros. Nota Bene attire un public varié, notamment les jeunes, qui découvrent une histoire moins académique que celle des manuels scolaires. Comme l'explique Benjamin Brillaud, "l'objectif au départ, c'était de divertir autour de l'histoire […] de le repartager de manière joviale, sur le net." Au fil des ans, son ambition a évolué vers une démarche plus profonde et consciente de la responsabilité qu’implique la transmission du savoir. Son émission prend une tournure plus sérieuse avec le temps : "Ça s’est transformé en émission d’histoire divertissante. Alors qu’au départ, c’était plutôt une émission de divertissement historique." Si sa chaîne n'a pas encore 10 ans, le Youtubeur compte près de 2,5 millions d'abonnés.

"Pourquoi aucune femme n'a régné sur la France ?", "Le casse-tête des 312 000 ponts français" ou encore "l'histoire de la bière". Nota Bene ne se limite pas aux grandes figures historiques ou aux batailles mais explore des thèmes variés comme l’histoire sociale, scientifique ou économique. Benjamin Brillaud souhaite montrer que l’histoire est et ne doit pas être enfermée dans des récits trop simplistes. Selon lui, l’idée est de "déconstruire un petit peu ça, pour montrer justement le poids de l’histoire, ses conséquences, en saisir les enjeux, en saisir les mécanismes.

De la vulgarisation au travail de fond

"Je ne voulais pas raconter n’importe quoi. raconte-t-il, si je commence à avoir autant de gens qui me suivent, si je raconte des cracks, ça va faire beaucoup de désinformation, ça peut faire beaucoup de dégâts. Évidemment, le milieu universitaire se grattait un peu le nez en disant qu’est-ce que c’est que ce type-là qui n’a aucun diplôme, qui arrive et qui commence à parler d’histoire. Ils étaient un peu méfiants." Avec plus de 700 vidéos et une trentaine d’auteurs qui collaborent à la chaîne, Nota Bene ne se contente plus de divertir, mais cherche aussi à sensibiliser son public à la méthodologie historique. le Youtubeur a su s’entourer d’historiens, d’archéologues et d’universitaires pour assurer la rigueur scientifique de ses contenus, "je ne voulais pas raconter n’importe quoi. Si je commence à avoir autant de gens qui me suivent, si je raconte des cracks, ça va faire beaucoup de désinformation, ça peut faire beaucoup de dégâts." explique-t-il dans le Grand Témoin de Louis Daufresne. Cette collaboration avec le milieu universitaire lui a permis de renforcer la légitimité de ses vidéos, même s'il admet que, au début, certains universitaires se montraient sceptiques : "Évidemment, le milieu universitaire se grattait un peu le nez en disant qu’est-ce que c’est que ce type-là qui n’a aucun diplôme, qui arrive et qui commence à parler d’histoire. Ils étaient un peu méfiants."

Repenser le récit national ?

"Il fallait pouvoir créer une histoire, explique le Youtubeur, qui allait fédérer ces gens [...] je suis pas absolument contre l'idée d'un récit national, en revanche ce roman très littéraire que l'on connaît, qui est issu du 19ème siècle, manipule et réécrit profondément cette histoire, et surtout il est daté de deux siècles. Donc je pense que [...] c'est intéressant je trouve de pouvoir déconstruire un petit peu ça, pour montrer justement le poids de l'histoire, ses conséquences, en saisir les enjeux, en saisir les mécanismes, et peut-être s'ouvrir un petit peu l'esprit parce que ce roman finalement il va venir. Un des thèmes récurrents dans les vidéos de Nota Bene est la question du roman national. Ce récit, façonné au 19e siècle dans un contexte de nationalisme, a longtemps été utilisé comme outil de cohésion. S'appuyant sur des récits de conquêtes ou de grands personnages, on y découvre Vercingérorix, Charlemagne ou encore Jeanne d'Arc. Mais pour Benjamin Brillaud, ce récit est daté et mérite d’être réinterprété. "Il fallait pouvoir créer une histoire, explique le Youtubeur, qui allait fédérer ces gens [...] je suis pas absolument contre l'idée d'un récit national, en revanche ce roman très littéraire que l'on connaît, qui est issu du 19ème siècle, manipule et réécrit profondément cette histoire, et surtout il est daté de deux siècles. Donc je pense que [...] c'est intéressant je trouve de pouvoir déconstruire un petit peu ça, pour montrer justement le poids de l'histoire, ses conséquences, en saisir les enjeux, en saisir les mécanismes, et peut-être s'ouvrir un petit peu l'esprit parce que ce roman finalement il va venir." Il salue des initiatives comme L’Histoire mondiale de la France, dirigée par l’historien Patrick Boucheron, qui propose de repenser les frontières de l’histoire française en y intégrant des perspectives plus globales. "J’ai trouvé que c’était une très belle initiative", ajoute-t-il, en soulignant l’importance de remettre en contexte les événements historiques pour mieux en saisir les enjeux contemporains.

L’histoire : une clé pour comprendre le présent

Si l’étude de l’histoire a une fonction essentielle dans la formation du citoyen, Benjamin Brillaud voit dans l’histoire une manière de développer un esprit critique face aux événements contemporains : "L’idée, c’est de faire, d’engendrer un mécanisme critique […] de mieux former le citoyen que chacun de nous sommes." Il refuse cependant de regarder le passé avec des "lunettes modernes", soulignant qu’il est crucial de replacer les événements dans leur contexte pour éviter les anachronismes. En analysant des événements passés, comme la catastrophe de Courrières au début du 20e siècle, il montre comment les mécanismes économiques et sociaux peuvent éclairer des enjeux actuels : "Ça peut nourrir une réflexion sur notre société aujourd’hui." Vulgarisateur, le youtubeur de la chaîne Nota Bene prend très au sérieux la question de la désinformation, particulièrement dans le climat politique actuel. Il souligne que l’histoire est souvent utilisée de manière biaisée à des fins idéologiques. "On peut lui faire dire finalement tout et n’importe quoi", avertit-il, citant des exemples comme les discours politiques sur la bataille de Poitiers ou des déclarations polémiques sur l’histoire de l’Afrique, pour montrer comment des événements historiques peuvent être mal interprétés ou manipulés pour servir des intérêts contemporains.

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