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L'arbre, objet incontournable du "Roman national"
Larbre objet du roman national

L'arbre, objet incontournable du "Roman national"

Par Faustine Claret

L'arbre, plante incontournable de notre écosystème terrestre. De l'emploi nourricier à l'importance environnementale, les arbres nous entourent depuis tout temps, comment les arbres font-ils parti du "Roman national" ? 

De son emploi primaire à son utilité publique 

Les arbres ont au cours de l'histoire eu différentes fonctions. Certaines sont restées comme la culture des arbres fruitiers et d'autres se sont dissipées dans le temps comme "l'arbre de mai", définit dans le livre d'Andrée Corvol, l'arbre de la cité comme "un grand arbre planté par les garçons au milieu du village en l'honneur de la jeunesse et des filles."
Certains arbres ont une symbolique. Le chêne par exemple est le signe de la justice, il est ancré dans notre imaginaire collectif grâce à l'image de Louis IX rendant justice sous un chêne. Au 17ème siècle, l'arbre pouvait être utilisé dans le but de transmettre un message politique, national. Devenant mât ou poteau, l'arbre était exploité comme signe politique ; "en 1879, planter un arbre marquait le refus des décrets, le couper signifiait le refus d'un statut." Au lendemain de la Révolution, l'arbre était vu, pour reprendre la formule de Bernardin de Saint Pierre, comme "de véritables monuments des nations." Ainsi, pour les citoyens, l'arbre représentait la joie, la justice ou la liberté. 

Les arbres ont aussi joué un rôle important lors des guerres. Plantés au-dessus des murailles, ils permettaient de gêner le tir de l'ennemi et de se chauffer en cas de siège. Le choix des arbres était étudié minutieusement, "le noyer permet de faire les crosses des fusils. Conséquence, l'Etat a ordonné la plantation de routes royales avec des noyers. Même chose, les routes ont été plantées avec des ormes. Pourquoi ? Parce que l'orme est un bois qui résiste particulièrement bien à la pression. Et par conséquent, au poids des canons." 

L'arbre signe de richesse et d'écologie

Dans les villes du 19ème siècle, les quartiers les plus prisés étaient aménagés avec de grandes allées d'arbres. Ils étaient utilisés pour "hiérarchiser les axes" et vus comme un simple ornement "installé", l'arbre "périssait sur place, car la modification d'une promenade impliquait l'abattage des alignements : le protéger durant les travaux ou le déplacer sur un autre site relevait de l'utopie."  Avec les "grands travaux du Second Empire" et l'idée "d'aérer les boulevards", les arbres se sont fait une place au cœur des villes. En 1859, "les marronniers étaient plantés avec toutes leurs branches et démontraient, par leur belle venue, les avantages de cette méthode. Appliquée une première fois, il y a cinquante ans, au jardin du Luxembourg, elle avait eu pour résultat de produire cette magnifique allée de marronniers qui, de l'entrée des anciennes pépinières conduit à l'Observatoire." Nous devons aussi le développement de ces allées végétal au préfet de Paris, George-Eugène Haussmann qui réorganisa le "service des promenades". Dans ses Mémoires, Haussmann justifie son choix par son "goût prononcé pour les marronniers des jardins de nos palais l'emploi très généralisé de cette essence dans nos plantations de tout ordre. Je m'accuse aussi d'avoir favorisé les platanes. J'en avais également admiré de superbe dans le Midi."

"Je m'accuse aussi d'avoir favorisé les platanes. J'en avais également admiré de superbe dans le Midi." - Georges-Eugène Haussmann

Malheureusement, l'homme à cette époque ne savait pas protéger les arbres des villes, "le défaut d'aération des racines, le gaz, les eaux stagnantes, l'épandage du sel pour la fonte des neiges, tout contribue à leur asphyxie." De nombreuses associations ont vu le jour pour les protéger  comme "la société nationale de la protection de la nature" ou "les Amis de la forêt de Fontainebleau". En 1920, le Journal officiel publie les décrets sur l'aménagement des villes. Les municipalités doivent désormais mettre "beaucoup plus d'arbre et beaucoup moins d'habitants" et "favoriser les maisons en retrait derrière les jardins." Les villes sont végétalisées mais les territoires ruraux sont déboisés, ce phénomène se nomme le "débocagement". Entre 1981 et 1990, 135 000 kilomètres de forêt linéaire disparurent. C'est au 21ème siècle qu'une prise de conscience se fait. Entre 2017 et 2029, le Parc naturel régional des Ardennes porte un projet pour défendre le bocage ardennais, ils ont été suivis par les Bretons. Après les feux ravageurs de ces dernières années, les politiques locales essayent de trouver des solutions pour reboiser les forêts parties en cendre.  Aujourd'hui, nous utilisons l'arbre dans sa globalité tant sur le plan nourricier, que sur le plan architectural et écologique.

>> Réécoutez Andrée Corvol, auteur de L'arbre dans la cité - histoire d'une conquête :

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