Le célèbre éditorialiste Franz-Olivier Giesbert publie ce mois-ci un nouveau roman, “Rien qu’une bête” (Albin Michel), dans un style qu’on lui connaissait peu : la fable animalière. Mais ce n’est pas de souffrance animale dont il était question aujourd’hui au menu du Choix de la Rédaction. Mais bel et bien d’un anniversaire : celui du 10 mai 1981, une date qui marque l’histoire. Il y a 40 ans, François Mitterrand était élu président de la République. Quel héritage politique a-t-il laissé à moins d’un an de l’élection présidentielle ? Comment la gauche actuelle s’en inspire-t-elle ? Qui mieux que Franz-Olivier Giesbert, journaliste qui a travaillé durant 40 ans sur la figure du président Mitterrand, auteur d’une biographie, “François Mitterrand, une vie”, aux éditions Points (1997), pour en parler ?
Au Creuzot ce dimanche, des dirigeants du PS, parmi lesquels François Hollande, Anne Hidalgo, Bernard Cazeneuve se sont rassemblés pour célébrer cette nostalgie mitterrandienne. L’occasion de regarder vers l’avenir et d’espérer une renaissance pour la gauche en perdition. “En un an, il faut arriver à faire ce que François Mitterrand a mis dix ans à faire”, a rappelé François Hollande au Creuzot. Une perspective qui semble ambitieuse selon FOG qui déplore “une gauche très malade et divisée”. “Si vous faites l’addition de toutes les gauches, cela représente 30%. L’étiage n’a jamais été aussi bas”, précise-t-il.
Pourquoi et comment François Mitterrand y est-il donc parvenu en 1981 ? “Mitterrand, c’est le génie de la synthèse”, résume l’éditorialiste. Sans faire de parallèle direct avec la situation actuelle, il décrit une gauche qui est aussi à terre en 1971, quand Mitterrand arrive à sa tête. Son talent pour la relever ? Parvenir à “marier la carpe et le lapin”. Il prend la tête du PS au Congrès d’Epinay en 1971,”parti dont il n’a pas la carte”, avec l’aide des deux ailes du parti, l’aile gauche et l’aile droite. “L’alliance qu’il fait est une surprise pour ses adversaires”, raconte Franz-Olivier Gisbert. “Mitterrand avait la politique dans le sang : il savait prendre de la distance, il savait marier les contraires, mettre ensemble les antagonismes. C’était son métier". Pourquoi ? "Parce qu’il n’était pas seulement celui qui pensait à la prochaine élection, mais celui qui pensait à la prochaine génération.”
La preuve, c’est qu’aujourd’hui encore, son empreinte sur la politique française ne s’est pas effacée. De là à ce que ce modèle de gouvernement inspire les prochains politiciens, rien n’est garanti : ”Je crois que c’est tout à fait envisageable mais c’est encore le modèle de De Gaulle qui prédomine. De Gaulle, lui, appartient à tout le monde, Mitterrand appartient à la gauche”. Ce charmeur en politique n’en est pas moins une personnalité complexe et “romanesque”, comme le décrit son biographe : “J’ai rarement vu un personnage aussi cynique en politique. Mais dans la vie privée, c’était quelqu’un de sentimental.” Grand amateur de culture et de littérature, il fait cohabiter sur sa table de chevet Drieu-La Rochelle et la Bible : “il avait des passions variées”.
Dans la même catégorie