Tunnel, lumière et anges sont souvent associés aux expériences de mort imminente (EMI), mais la réalité est plus complexe. Deux interprétations coexistent : l'une spiritualiste, évoquant une vie après la mort, et l'autre matérialiste, suggérant une production chimique du cerveau. Renaud Évrard rejette cette dichotomie et cherche à documenter la diversité des expériences vécues, même dans des contextes inattendus.
"Une réaction adaptative, qui sert à quelque chose face à un effroi de la disparition imminente. Quelqu'un se retrouve face à une menace, un danger où il va vraiment risquer sa vie et à ce moment-là, quelque chose se déclenche en lui qui va activer ses ressources pour justement faire face à cette menace." analyse le psychologue. La mort imminente serait donc un réflexe face à un événement traumatique ou potentiellement mortelle pour le sujet. Ces deux causes sont trop restrictives. Nous pouvons vivre une "petite mort" durant son jogging, sa méditation ou son sommeil. Lors d'une mort imminente, le sujet a l'impression d'être dans un rêve (ou un cauchemar). "A un moment, on peut vivre ce que l'on appelle une dissociation, c'est à dire que la combinaison, la connexion entre le corps et l'esprit habituel, se désagrège un petit peu, se dissipe. Et on peut avoir une sorte de crainte de ne plus être connecté à soi-même et c'est ça, en fait, qui va souvent déclencher une sorte d'angoisse, de dissolution du je, du moi. C'est un point de départ commun de nombreuses expériences".
Courir, par exemple, est une "activité automatique" mais le corps et l'esprit peuvent se scinder provocant une EMI. "Les gens se rendent moyennement compte. Parfois, ils se rendent un peu compte, mais ils ont des actions qui participent à leur sauvetage, qui sont vraiment essentielles, sans lesquelles elles ne seraient jamais revenues. Ce qui est curieux, c'est que ce réflexe ait lieu alors qu'il n'y a pas nécessairement de danger. Ce danger, il va être évalué au fur et à mesure".
Le professeur de neurosciences, Stéphane Charpier, a découvert avec son équipe de chercheurs "l'onde de la réanimation". Cette nouvelle révélation scientifique se définit ainsi : "quand tout s'éteint et qu'une onde arrive, qui s'appelle l'onde de la mort, qui est aussi une autre découverte récente, il y a une onde de la réanimation qui permet de voir que certains des sujets vont revivre, alors que même le cerveau nous avait semblé complètement éteint." C'est un chamboulement scientifique et éthique. Cette "onde de la réanimation" remet en question de nombreux débats sur la fin de vie et questionne sur ce qu'est la mort car "on ne sait jamais vraiment ce que la personne ressent au corps et sa capacité à revenir".
Il existe un autre constat : la mort ne se fait pas à un instant T mais dans la durée. On ne meurt pas d'un coup comme nous le pensions. La mort est un mot global pour définir un processus de plusieurs étapes amenant à celle-ci. Les derniers instants avant de commencer cette route vers la mort, le sujet a un regain d'énergie "on retrouve ses capacités peu avant de mourir, et c'est quand même très étonnant parce que ça ne suit pas du tout la façon linéaire, fataliste finalement, d'une dégénérescence. Et donc c'est très étonnant parce que pour la famille et pour les soignants, ces derniers moments où on peut parler et retrouver une présence de l'individu, sont extrêmement marquants, extrêmement positifs en général. Et ça, on se demande si par exemple une sédation profonde et prolongée ne risque pas d'empêcher, d'inhiber ce type de phénomène."
Les chercheurs analysent les différentes composantes de la mort au travers de tests sur des rats pour déceler ses mystères et questionner sur notre condition humaine. Dans son livre La science de la résurrection ; ils ont repoussé les frontières de la mort, Stéphane Charpier nous amène à découvrir ces survivants improbables, comme cet alpiniste resté indemne après neuf heures de réanimation cardiaque ou encore ces cerveaux retirés de leur crâne mais toujours actifs.
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