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De Gaulle : une vie guidée par la foi
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De Gaulle : une vie guidée par la foi

Par Clotilde Costil

Quand en juin 1940, Charles de Gaulle rejoint Londres pour diriger les forces françaises libres, le souvenir de l’action de Jeanne d’Arc l’accompagne. Chaque fête de Jeanne d’Arc début mai est dès lors célébrée en prières à la radio depuis Londres ou Alger. La pucelle d’Orléans n’est pas la seule icône religieuse qui inspirera de Gaulle tout au long de sa vie personnelle, militaire et politique. Geneviève, Saint-Louis, Henri IV (…), ces références lui sont transmises par ses parents, attachés aux valeurs catholiques et patriotes. Très tôt, son père l’initie à plusieurs figures du catholicisme social parmi lesquelles Bergson ou Péguy. Le jeune Charles va ensuite parfaire son instruction catholique à l’école des Frères des écoles chrétiennes de la paroisse Saint-Thomas-d’Aquin dans le 7e arrondissement de Paris. 

Un croyant discret et patriote

Par-delà ses connaissances théologiques, le fondateur de la Ve République reste un croyant discret, dont la religion constituera un compagnon de route dans chacune de ses épreuves personnelles. En effet, à la naissance de sa benjamine, Anne, atteinte de trisomie 21, Charles s’accroche à sa foi pour surmonter ses craintes. Il confie à ce propos : “Lorsque cette enfant vint au monde, elle fut la source d’un immense chagrin. Aujourd’hui c’est un don de Dieu”.

Bien qu’elle soit connue de tous, sa pratique spirituelle restera toujours dans la sphère privée. Des messes dominicales en famille à Colombey-les-deux-Eglises, aux discrets offices à l’Elysée dans la petite chapelle qu’il fait aménager à ses frais, l’Homme du 18 juin ne manque pas une occasion de se recueillir pour prier. A l’Elysée, la messe se fait d’ailleurs en vase-clos puisqu’il s’agit de son neveu, le père François de Gaulle, qui officie. 

Séparation de l’Eglise et de l’Etat

Sa foi profonde s’accompagne pour autant d’un profond respect de la laïcité et des valeurs de la République. “Pour de Gaulle, vous ne comprenez pas la France si vous ne tenez pas compte de ses quinze siècles de chrétienté. Et vous ne comprenez pas non plus la France si vous ne tenez pas compte de ses deux siècles de république, de contestations…”, explique justement le père Yves Combeau, historien dans le documentaire “Charles de Gaulle et la foi" Il sait opérer à la manière de la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat, une distinction entre ses convictions privées et ses responsabilités publiques. Toutefois, sa culture chrétienne habite certaines de ses prises de positions politiques en matière sociale. De fait, la création des comités d’entreprise, le droit de vote aux femmes ou encore son engagement pour les personnes handicapées (il engage une importante réforme du statut juridique des malades mentaux) témoignent de sa volonté d’égalité chrétienne. Il se montre néanmoins moins favorable sur certaines avancées sociales comme la loi Neuwirth sur la contraception. S’il y est par nature (conservatrice) opposée, il finira par s’y résoudre après que son épouse Yvonne l’y ait convaincu. 

Quand la religion inspire sa politique

Ses relations diplomatiques apparaissent, elles aussi à plusieurs reprises, dictées par sa foi. En 1958, de Gaulle entame la démarche de réconciliation franco-allemande, en accueillant chez lui le chancelier allemand de l’époque, Konrad Adenauer. Ce dernier apparaît alors à Colombey-les-deux-Églises, une bible à la main. Cette image symbolique est renforcée quatre ans plus tard par une messe en la cathédrale de Reims en présence des deux chefs de l’Etat, pour sceller leur réconciliation. Autres déplacements, autres symboles. S’il ne communie jamais en public, il le fait à trois reprises à l’étranger, et ce geste n’est pas anodin. Au Québec, il le fait en mémoire des pionniers qui ont apporté la religion catholique dans le nord de l’Amérique, en Russie et en Pologne, c’est en soutien aux chrétiens plutôt malmenés par le régime soviétique.

Dieu l’accompagnera jusqu’à son dernier voyage. Quand il décède le 9 novembre 1970 d’une rupture d’anévrisme dans sa maison de Colombey-les-deux-Eglises, sa femme lui glisse dans les mains le chapelet offert par le pape. D’ailleurs, évoquant la mort de son vivant, il eut cette phrase : “Ce n’est pas tout de naître, de vivre… Il faut mourir aussi. Dieu choisit l’heure pour chacun de nous. C’est mieux ainsi”.

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