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10 juin 1944: Oradour-sur-Glane est rayé de la carte
Oradour su glane

10 juin 1944: Oradour-sur-Glane est rayé de la carte

Par Faustine Claret

"J'ai vu brûler à côté de moi le père Santrot et le père Brissaud, encore vivants, mais blessés par balles [...] Je leur ai causé et ils m'ont dit qu'ils ne pouvaient pas bouger et m'ont invité à fuir", témoigne Matthieu Borie, maçon et résistant, il possédait un atelier à Oradour. 

Quatre jours après le débarquement des Alliés, une division de la Waffen SS Das Reich tuent 643 villageois près de Limoges, ce sont "les martyrs d'Oradour-sur-Glane"

Oradour-sur-Glane: un bourg rural du centre de la France

"Dans un de ces paysages classiques du Limousin...au milieu de grands prés parsemés de bois qui traverse un ruisselet filtrant une eau claire et qui cache dans ses pierres les truites et dans ses recoins les écrevisses, s'élevait Oradour-sur-Glane." extrait d'un texte de 1945 issu du Mouvement de libération nationale. Oradour est un petit village de 1574 habitants situé à une vingtaine de kilomètres de Limoges. Une vie de village s'y déroule, animée par des cafés, des épiceries, une école, et même une fanfare. Un camp de réfugiés espagnol était établi sur place jusqu'en 1942. Ces "exilés du sud" avaient fuit le régime Franquiste pour la France. A leur arrivée, ils ont été internés dans des GTE (Groupe de travailleurs étrangers). De nombreux Espagnols vivaient dans le village. 

Dix juin 1944: "Allons au ciel tous ensemble"

"Si un jour, Dieu nous demande de même le sacrifice de nos vies, soyons fidèles, allons au ciel tous ensemble" sont les mots prémonitoires du père Jacques Lorich lors de son sermon à Oradour le dimanche 4 juin 1944. 

Le 10 juin 1944, vers quatorze heures, un convoi militaire Allemand arrive à Oradour-sur-Glane. "Ils étaient en position de tireurs, leurs armes dirigées tant vers le bas que vers les étages supérieurs des immeubles [...] ils étaient armés de mitraillettes et de fusils, tous prêts à tirer" raconte Jean-Marcel Darthout. Très vite, les SS établissent un périmètre et toute personne s'y trouvant devait se rendre au centre du bourg, "on rassemblait les habitants du bourg sur la place du Champ de foire en vue de la vérification des cartes d'identités" témoigne Armand Senon. Au fur et à mesure, la place se remplit d'habitants pensant tous que c'était pour un simple contrôle d'identité mais, la division de Waffen SS sépara la population. Les femmes et enfants d'un côté, les hommes et jeunes garçons de plus de quinze ans de l'autre. Le premier groupe est enfermé dans l'église du village, le deuxième est emmené en contre bas. Les hommes sont conduits aux abords de la grange Laudy-Mosnier où là, "voyant tomber les premiers hommes à la renverse, j'ai eu la présence d'esprit de me coucher à plat ventre. Les balles crépitaient de partout, ont ricoché sur le mur à côté de moi. Au bout de quelques rafales de mitrailleuse je ne pouvais plus respirer, étant étouffé par la poussière" dit Yvon Roby. Après cette rafle, les Allemands mirent le feu à la grange, les blessés agonisant mourront bruler vifs.
Au même moment, les SS lancèrent du gaz asphyxiant dans l'église, la seule survivante, Marguerite Rouffanche nous donne son témoignage "une fumée noire, âcre et piquante, s'en est dégagée, remplissant toute l'église.". Elle réussit à s'échapper en passant par une des fenêtres de la sacristie, avant que le feu n'embrase l'église et consume les habitants. 

Le village est détruit par les Allemands, 643 personnes périssent ce jour-là. En 1946, les ruines sont classées Monument Historique et le Centre de la Mémoire est inauguré en 1999. Le 10 juin 2024 marque le 80ème anniversaire de cette rafle qui marquera à jamais l'histoire de France et de la Seconde Guerre mondiale.

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