Après trois années de travail intensif, des centaines de milliers de pages de contributions et deux sessions qui ont mobilisé 356 participants pendant un mois, le Synode sur la Synodalité ou Synode sur l'"avenir de l'Eglise" s’est achevé ce week-end à Rome. L’objectif ? Réfléchir aux grands défis auxquels l’Église est confrontée aujourd’hui et envisager un avenir où chaque fidèle peut trouver sa place et sa voix. Sœur Nathalie Becquart est l'invité de la Matinale.
Pour Sœur Nathalie Becquart, sous-secrétaire du Synode, l’essentiel de ce processus n’est pas tant dans les décisions prises à Rome, mais dans l’expérience vécue par des milliers de participants à travers le monde. "Ce qui est à retenir d'abord, c'est l'expérience elle-même. Tant de personnes de par le monde se sont senties écoutées. Pour la première fois, on a pu vraiment donner notre voix" estime-t-elle. Si le synode n'avait pas pour objectif de rompre avec la Tradition, ni de répondre à toutes les questions qui préoccupent les catholiques aujourd'hui, il avait pour ambition de rapprocher les fidèles en construisant des espaces d’écoute et de discernement. "Il s'agit de ne pas attendre les changements des autres, mais d’être chacun sur un chemin de conversion" affirme Sœur Becquart. Cet appel à la "conversion personnelle" repose sur l'idée que la transformation de l’Église commence par celle de ses membres. Elle rappelle ainsi l’importance d’ "une Église relationnelle, un peuple de Dieu, et non une Église déconnectée de la réalité [...] il ne s'agit pas de changer pour changer, mais de discerner le chemin pour être toujours plus fidèle à ce qu'est l'Église depuis l'origine, mais dans un contexte qui a changé".
La question du rôle des femmes au sein de l’Église a été un sujet relativement central au Synode. Bien qu'il n'ait été question de l'ordination des femmes, le Synode a réaffirmé la nécessité de donner aux femmes des responsabilités dans la gouvernance de l’Église. "Rien n'empêche que les femmes aient des postes de responsabilité dans l'Église affirme Sr Nathalie, il y a déjà plein de possibilités, mais elles ne sont pas partout mises en œuvre". Une culture d'égalité dans la prise de décision est donc à cultiver selon les conclusions du Synode, même si cela peut prendre du temps, car "on hérite d'une culture patriarcale depuis des siècles", rappelle l'Invité de la Matinale. Pour la sous-secrétaire du Synode, il est aussi question, au-delà d'égalité, de qualité de décisions : "Dans le monde complexe d'aujourd'hui, vous allez être toujours plus intelligent et avoir un meilleur discernement quand vous croisez les regards hommes-femmes".
Ne se limitant pas aux questions internes à l'Eglise catholique, le synode voulait ouvrir une voie à une collaboration accrue avec les autres branches chrétiennes. Pour preuve, seize représentants de diverses Eglises chrétiennes ont participé aux discussions. Un œcuménisme que le pape François n'a cessé d'encourager. "C'est un écho des réalités qui existent partout" précise Sr Nathalie Becquart. Pour 2025, une date a même été arrêtée pour que toutes les Eglises chrétiennes célèbrent Pâques à la même date, un symbole fort pour la religieuse Xavière, "nous avons le même baptême, et cela nous appelle à être frères et sœurs en Christ, au service du monde."
Selon les conclusions, le Synode a permis de marquer une nouvelle étape dans la réforme de la Curie romaine, l'institution souhaite davantage être collaborative, reposant sur une culture de la transparence du rendre compte et de l'évaluation. Tous ces changements sont-ils un tournant pour l'Eglise ? Oui selon Sr Nathalie Becquart, les changements ne seront pas spectaculaires mais une évolution lente et profonde qui se concrétise dans la vie des fidèles. "Tout le monde a besoin d'être écouté," conclut-elle, rappelant l’essence de la synodalité comme une écoute active de chaque voix.
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