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Joséphine Bakhita, de l’esclavage à la sainteté
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Joséphine Bakhita, de l’esclavage à la sainteté

Par Camille Meyer

" Jésus est mon capitaine et moi, je suis son assistante". Aujourd’hui, 8 février, nous fêtons Sainte Joséphine Bakhita. L’occasion de revenir sur l’histoire hors du commun de cette "amoureuse de Dieu". 

"Lorsqu’une personne aime beaucoup une autre, elle désire ardemment l’approcher, donc pourquoi craindre tellement la mort ? La mort nous emmène à Dieu" dit Sainte Joséphine Bakhita dans son dernier souffle. Réduite à l’esclavage à l’âge de 9 ans, elle n’aura jamais de haine pour ces bourreaux simplement de l’Amour. Bakhita signifie "celle qui a de la chance", parce que c’est dans ce long calvaire qu’elle rencontre Dieu, d’ailleurs elle dira de ces négriers que si elle les rencontrait à nouveau elle s’agenouillerait "pour leur baiser les mains".

De l’esclavagisme à Dieu

Née en 1869 à Olgossa, une région du Darfour, elle est enlevée et réduite en esclavage par un général turc. Scarifiée et battue, Bakhita est vendue à plusieurs reprises sur les marchés d’El-Obeid et de Khartoum. Les mauvais traitements n’empêchent pas la jeune fille d’être loyale envers "ses maître". En 1883, elle a alors 14 ans et est vendue au consul d’Italie à Khartoum, Callisto Legnani. Ce dernier l’emmène en Italie avec lui, fuyant les multiples conflits du Soudan. Bakhita dira d’ailleurs du consul qu’elle « n’eut plus de réprimandes, de coups, de châtiments ». Elle ne craint plus le fouet et aspire à un peu de sérénité. En Europe, elle change à nouveau de maître et est envoyée dans une famille qui attend une naissance : les Michieli. C’est dans cette famille que sa vie changera définitivement. Chargée du nouveau-né, Bakhita est préposée à son éducation, elle y découvre l’amour. Elle aime cette petite Mimmina. Toutes deux vont être envoyées au couvent des Soeurs Canossiennes car Monsieur Michieli doit quitter Venise pour l’Afrique à nouveau.

C’est auprès des religieuses que Bakhita ouvrira son cœur au Seigneur et se laissera transfigurer par son Amour. Elle espérait pour la première fois.  L’espérance d’être attendue par le Seigneur, la grande, la belle espérance qui lui permettra de ne plus se sentir esclave mais bien la fille de Dieu libre. Elle demande le baptême alors que Madame Michieli souhaite rejoindre son mari. Elle demande à Bakhita de la suivre, mais elle refuse car dit-elle: "si je le faisais, cela signifierait l’abandon de ma foi en Dieu. J’aime beaucoup ma maîtresse et son enfant mais je ne peux pas perdre Dieu". Madame Michieli intenta même un procès pour récupérer Bakhita mais le procureur déclara qu’elle était libre d’aller là où elle voulait car l’esclavage n’existait pas en Italie.

La rencontre de son "Maître"

Le 9 janvier 1890, Joséphine Bakhita reçoit le baptême et la Confirmation par le cardinal-archevêque de Venise, Monseigneur Domenico. Elle continue dès lors à apprendre à connaître ce Dieu qu’elle a toujours senti dans son coeur, elle écrira un jour: "voyant le soleil, la lune et les étoiles, je me disais en moi-même qui est donc le Maître de ces belles choses ? et j’éprouvais une grande envie de Le voir, de Le connaître et Lui rendre mes hommages". 

Trois ans après son baptême, elle demande à rentrer au noviciat et le 8 décembre 1896, Joséphine prononce ses premiers vœux religieux sous le nom de Sœur Joséphine et elle dira de sa foi: "même au fond du découragement et de la tristesse, quand j’étais esclave, je n’ai jamais désespéré, parce que je sentais en moi une force mystérieuse qui me soutenait". Un soutient qu’elle portera dans le creux de son cœur jusqu’à la fin de sa vie. Une fois ses vœux définitifs prononcés, Sœur Joséphine officiera dans la province de Vicenza où elle s’occupera de la conciergerie et de la cuisine.

En 1947, elle tombe gravement malade et meurt dans une pénible agonie tout en appelant la protection de celle qu’elle aimait tant, la Vierge Marie, elle dira d’ailleurs: "je m’en vais lentement, lentement, pas à pas vers l’éternité. Jésus est mon capitaine et moi, je suis son assistante. Je dois porter les valises. L’une contient mes dettes, l’autre, plus lourde, les mérites de Jésus et je dirais au Père Éternel: maintenant juge ce que tu vois". Douze ans après sa mort, sa bonté et son témoignage de foi ont poussé les autorités vaticanes à ouvrir son procès de canonisation. Elle est béatifiée en 1992 et canonisée par Saint Jean-Paul II le 1 er octobre 2000 qui dira: "cette sainte fille d’Afrique, montre qu’elle est véritablement une enfant de Dieu: l’amour et le pardon de Dieu sont des réalités tangibles qui transforment sa vie de façon extraordinaire".

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