"Saint Jean-Paul II, mon chemin spirituel et théologique n’est même pas imaginable" disait Benoît XVI en recevant deux doctorats "honoris causa" d’institutions polonaises en 2015. C’est dire le respect et l’importance que Joseph Ratzinger avait pour le Saint pape. Cette parole est la trace de l’intensité de la relation entre ces deux serviteurs de Dieu. S’ils ont, tous les deux, travaillé à la constitution de Gaudium et Spes lors du Concile Vatican II, la première rencontre entre Joseph Ratzinger et Karol Wojtyla a lieu en 1978, au moment du Conclave. Le cardinal Ratzinger avouera à propos de St Jean Paul II "qu’il a tout de suite perçu fortement la fascination humaine qu’il exerçait et, à la façon dont il priait", il "a saisi combien il était profondément uni à Dieu" C’est en 1981 que le pape Jean Paul II fait appel à Ratzinger comme préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi. Congrégation qui a pour but de défendre l’Eglise contre les hérésies et de "promouvoir et de protéger la doctrine et les mœurs conformes à la foi dans tout le monde catholique" Le cardinal Ratzinger devient alors le bras droit du Saint-Père et le rencontre régulièrement.
En 1988, à la demande de Karol Wojtyla, le cardinal allemand va être particulièrement occupé par un dossier brûlant : le schisme intégriste provoqué par Mgr Lefebvre, en désaccord avec Rome depuis Vatican II. Dès la rupture lefebvriste, le cardinal Ratzinger est chargé de rallier les schismatiques. Chose qu’il parviendra à faire devenu pape. Quatre ans plus tard, il prend la tête de la commission chargée de produire le catéchisme de l’Eglise catholique, catéchisme à disposition de l’Eglise et permettant un exposé systématique de la foi catholique à la lumière de Vatican II.
Le 20 juin 2001, Jean-Paul II adresse une lettre au cardinal à l’occasion du cinquantième anniversaire de son sacerdoce, lettre dans laquelle se lit toute l’amitié et le respect intellectuel entre les deux hommes. En voici quelques extraits :
"Depuis, vous n’avez cessé de dépenser vos énergies intellectuelles et morales afin de promouvoir et de sauvegarder la doctrine sur la foi et sur les mœurs dans le monde catholique, tout en favorisant les études destinées à accroître la compréhension de la foi, afin qu’aux nouveaux problèmes nés des progrès de la science et de la civilisation puissent être apportée une réponse adaptée, à la lumière de la parole de Dieu"
"Cette heureuse occasion m’est propice pour réitérer ma profonde gratitude pour la somme impressionnante de travail que vous avez accomplie et pour avoir dirigé le Dicastère à vous confié, et plus encore pour l’esprit d’humilité et d’abnégation qui a constamment marqué votre activité "
"La communion spirituelle que vous avez toujours manifestée envers le Successeur de Pierre a été un grand réconfort pour moi dans l’effort quotidien de mon service au Christ et à l’Eglise"
A la fin du pontificat de Saint Jean-Paul II, Ratzinger continue de s’imposer. A la mort du Saint-Père, doyen des cardinaux, il va avoir un rôle prépondérant dans l’organisation du Conclave. Il prononcera l’homélie des obsèques de Saint Jean-Paul II et montra sur le siège de Saint-Pierre le 19 avril 2005. Le 1er mai 2011, Benoît XVI béatifie Jean-Paul II, rappelant la "figure aimée et vénérée" du pape polonais.
Dans un livre-entretien, écrit par Wlodzimierz Redzioch, peu de jours avant la canonisation de Jean-Paul II par le pape François, Benoît XVI rappelle que "sa collaboration avec le Saint-Père a toujours été marquée par l’amitié et l’affection et s’est développée sur les deux plans : officiel et privé". Lors de leurs nombreuses rencontres "c’était toujours plus beau, pour tous les deux, de chercher ensemble la bonne décision » sur les grandes questions de la vie de l’Eglise. Pourtant souvent le pape « aurait pu avoir des motifs suffisants pour [le] blâmer et pour mettre fin à [sa] charge de préfet. Toutefois il [l’]a soutenu avec une grande fidélité et une bonté absolument incompréhensible"
Benoît XVI avait dit un jour à Saint Jean Paul II : "Saint Père vous devriez vous reposer" et le pape de répondre "je pourrai le faire au ciel ", c’est au tour de Benoît XVI à présent.
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