Cet instant traditionnel où l’on tire les rois, où l’on accorde la fève au plus jeune avec bienveillance, ces débats autour de la brioche ou de la galette frangipane, presque aussi virulents que ceux entre pain au chocolat et chocolatine… Le 6 janvier est finalement un jour festif qui clôt petit à petit la période de Noël. Derrière ces coutumes se trouve bien plus qu’une légende : c’est l’histoire de trois savants qui donnent au monde entier un témoignage de foi.
Pourquoi l’Epiphanie ?
Pour parodier les mots de Molière : « Que diable allaient-ils faire dans ce désert ? » Car l'Épiphanie, en soi, est une folie. Une étoile qui conduit des sages vers un enfant dans une crèche ? Des rois prêts à déposer leurs trésors aux pieds d'un nourrisson pauvre et sans apparat ? Tout cela dépasse la raison humaine. Mais n'est-ce pas précisément là que réside la grandeur de cette fête ? Elle renverse les logiques humaines et invite à croire en l'incroyable. C'est la folie d'un Dieu qui a choisi l'humilité pour se révéler ; le mot en lui-même de cette fête tire d’ailleurs son sens du grec ancien, signifiant « manifestation ». Cette étymologie souligne réellement l'idée centrale de l'Épiphanie : une lumière, une vérité cachée, se manifeste soudainement et devient accessible à tous.
Le courage de l’inconnu
Les Mages ne sont pas des personnages naïfs ou superstitieux. Sages, observateurs, ils étudient les astres, ils connaissent les écritures mieux que personne, mais leur intelligence ne leur suffit pas. Ils prennent un risque bien plus grand ; celui de mettre leur foi en action : quitter leur terre, leurs certitudes, leurs repères. Ils se lancent, guidés par une étoile, sans savoir précisément où elle les mènera, ni ce qu'ils trouveront au bout du chemin. Cette audace peut sembler insensée, mais elle témoigne d'une foi profonde. Partir avec la ferme intention d’aller adorer leur créateur, lui offrir l’or, l’encens et la myrrhe, symboles de sa royauté, de sa divinité et de son humanité ; humbles monarques, ils ont cru avant même d’avoir vu.
L’Epiphanie : la Foi pour les fous ?
La folie de l'Épiphanie rejoint celle de la foi. Ce n'est pas une logique rationnelle qui pousse les Mages à traverser déserts et dangers en suivant une étoile, ni une stratégie humaine qui les conduit à s'agenouiller devant cet enfant. Cette histoire paraît absurde aux premiers abords. Mais entre folie et abandon, le pas est court : abandon à une vérité qui se manifeste autrement que par le pouvoir ou la force. De même, la foi chrétienne est une folie aux yeux du monde : croire en un Dieu qui se fait homme, qui choisit la fragilité pour sauver, c'est renoncer aux certitudes et accepter d’aller à contre-courant, « Car la folie de Dieu est plus sage que les hommes, et la faiblesse de Dieu est plus forte que les hommes. » ( 1 Corinthiens 1 :25)
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