"Je vais regarder la cérémonie en live", explique le père Conquer. Ce 10 octobre sera pour lui d’autant plus particulier qu’une formation aura lieu le même jour pour tous les jeunes leaders du diocèse. Cela tombe bien : "après de nombreux rebondissements et une année chamboulée par le coronavirus, cette béatification est un signe d’espérance… Avec Carlo, on fait entrer la sainteté dans le 3ème millénaire", souligne-t-il, "à l’heure on l’on passe de plus en plus de temps sur nos ordinateurs et nos portables, il est un modèle, un guide qui plaît aux jeunes d’aujourd’hui"
"Aujourd’hui", raconte le père Will Conquer, "on nous dit toujours d’être fluide, flexible, souple, on oublie que le corps tient parce qu’il a un squelette, des os, des ligaments… c’est la même chose pour la foi, on l’a reçoit par les dogmes et Carlo incarne cette structure de la foi chrétienne". "Il tient ça de son papa", ajoute le Père Conquer qui a eu la chance de rencontrer les parents Acutis, "c’est un homme du Nord de l’Italie, un peu rigide et très discipliné, le repas commence quand la cloche sonne, tout doit être rangé dans la chambre de son fils… Que tout soit ordonné, voilà une qualité que l’on doit retrouver dans notre vie de sainteté ". "Avoir une structure dans sa vie c’est important", répète le père Conquer, "on l’a vu avec le confinement… Justement, Carlo nous invite à trouver une certaine structure vertueuse dans les chamboulements". Mais le jeune Carlo, c’était aussi le côté méridional de sa mère, "un peu de folie, un peu d’Esprit Saint, d’élan et d’entrain", rappelle le père Will Conquer.
La famille de Carlo Acutis ressemble à beaucoup de familles européennes : on y trouve des proches, des cousins qui ont pris leurs distances avec le Christ. Le jeune geek, lui, par son rayonnement, a ramené les siens vers la foi. Ses parents, à commencer par sa mère, en témoignent : "d’habitude la foi se transmet des parents aux enfants, nous c’est de notre fils qu’on l’a reçueé", a-t-elle dit un jour au père Will Conquer. Carlo, c’est une foi plus authentique, plus confiante, une "docilité à l’Esprit Saint", lance le père Will Conquer. Il a su mettre ses talents de programmateur informatique au service de sa paroisse, développer un projet (une exposition concernant les miracles eucharistiques) cherchant à toucher le plus grand monde. "Il n’est jamais tombé dans les travers de l’enfant capricieux… A la fin de sa vie, après deux années de travail sur son exposition, le Seigneur lui a retiré la vie quelques jours avant l’inauguration, et il a accepté de s’abandonner jusqu’au bout". "Ce grand lecteur de Saint Jean s’est toujours laissé guidé par l’Esprit Saint", répète le père Conquer. Une foi qui a converti l’un des employés de ses parents, l’hindouiste Rajesh, mais qui a aussi touché sa propre cousine. "Après son décès, blessée dans sa foi, elle s’est éloignée pendant 10 ans de l’Eglise", raconte le père Will Conquer, "elle dit désormais revenir vers Dieu par l’intercession de Carlo".
Il y a eu les premiers martyrs qui versaient leur sang, et que l’on appelait les "martyrs rouges". Avec Saint Benoît a vu le jour le "martyr blanc". "Carlo Acutis lui est un martyr transparent". Le terme n’a pas été choisi par hasard par le Père Will Conquer : "Heureux les fêlés, ils laisseront passer la lumière… Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu et ils nous le feront voir aussi", dit-il. Le prêtre des MEP n’a pas oublié ce jour où il a pu rencontrer des membres de l’équipe médicale qui a accompagné Carlo en soins pédiatriques jusqu’à ses derniers moments. Tous se souviennent de lui. "Eux qui n’étaient pas croyants m’ont dit qu’il rayonnait d’amour de Dieu, qu’il leur donnait de l’espoir au milieu des choses dures qu’ils vivaient tous les jours", explique le Père Conquer.
La maman de Carlo n’appelle pas de ses voeux à en faire un saint. "C’est la dévotion populaire qui pousse dans ce sens", explique le père Will Conquer, "il y a un engouement, une attente très forte, mais sa mère, elle préfère me parler de la jeunesse d’aujourd’hui, elle souhaite que toute une génération se lève et réponde à cet appel à la sainteté". Et si Carlo Acutis ouvrait le champ à une nouvelle sainteté ? "Bienvenue à tous ceux qui veulent élargir le boulevard", répond le père Will Conquer. Et de conclure en espérant avoir un jour des reliques au Cambodge, pays qui n’en a guère : "la maman de Carlo m’a promis qu’on aurait un reliquaire".
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