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Il faut se méfier de l’esclavage de l’argent qui nous éloigne du Christ

25.02.23
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Il faut se méfier de l’esclavage de l’argent qui nous éloigne du Christ

Osons la gratuité 07h05

Pour la finance et l’économie, mais aussi pour une grande part de l’action sociale et politique, c’est ce qui rapporte quelque chose de mesurable qui, de plus en plus, est seul digne d’intérêt. Alors en pratique, seuls l’innovation dans des produits rentables ou dans des initiatives sociales mesurables mériteraient d’être engagées. C’est ainsi qu’une vie qui ne rapporte pas assez ne vaut plus rien, qu’un médicament ou un service public qui ne rapporte pas assez est peu à peu supprimé : nous voyons progresser ces idéologies tous les jours dans la plupart des pays occidentaux ! Au point où l’Occident est arrivé, je veux dire à ce degré de domination du matérialisme et de l’utilitarisme, l’homme faible et pauvre, celui qui ne peut être utile ou rentable, n’est plus protégé. Il n’est plus protégé des convoitises et des passions humaines de son prochain. Le moine ou la moniale reclus dans la prière pour les autres au sein de son monastère, c’était le choix de la vie contemplative qu’a fait le pape Benoît XVI après sa démission, ce choix reste incompris quand il n’est pas méprisé par ceux qui ne vouent un culte qu’à l’action rentable. Alors dans cet anti évangile post moderne, qui s’oppose le plus souvent aux dix commandements, et qui ignore presque tout des béatitudes vécues et enseignées par le Christ¹, Satan se réjouit. Il se réjouit car la plus grande part de nos contemporains se méfie dorénavant, quand elle ne le ridiculise pas publiquement, se moque de cette petite portion de ceux qui, luttant à contre-courant de la pensée dominante, continuent de faire du bien à leur prochain dans un authentique esprit de sacrifice, loin des médias, loin des puissants de ce monde. Comme le note le Cardinal Sarah, « Désormais déboussolés, nous sommes confrontés à une tentative sans précédent dans l’histoire de l’humanité, celle de détruire l’humanité elle-même, de détruire la capacité qu’a l’homme naturellement, la capacité d’aimer, et de priver ainsi l’humanité d’une source irremplaçable de lumière, de force et d’amour, c’est-à-dire Dieu. Ce qui ruine l’homme, c’est sa rupture et la destruction de ses rapports personnels avec Dieu. Ce qui nuit au vrai bonheur de l’homme, c’est la confusion et le déséquilibre des esprits, c’est l’esclavage de l’argent.»² Alors n’ayons pas peur de vouloir le bien de notre prochain sans chercher à se faire du bien au passage, d’être à contre-courant des faux prophètes qui affirment que donner sans recevoir en contrepartie serait humiliant pour celui qui reçoit et frustrant pour celui qui donne. Se donner jusqu’au sacrifice et au don de soi est certes devenu un combat, un combat à contre-courant de l’esprit du monde. Mais il me semble c’est une grâce de Dieu comme le notait Mère Marie Agnès de l’Immaculée Conception, celle que l’on appelait la Mère du Pâquier³ « donner toujours, donner sans chercher à recevoir, donner sans réserve, donner à tous sans exception, donner joyeusement et avec d’autant plus de joie que le sacrifice se fait plus sentir. Voilà ce que je voudrais être pour Jésus une action de grâce perpétuelle toujours content de tout ce que fait ou envoi le bon Dieu.»⁴ Alors chers amis, et d’ici à la semaine prochaine, retenons qu’il nous faut de la force d’âme pour suivre la voix de la gratuité. Sans elle, nous ne pouvons redécouvrir le vrai but de notre vie. Il nous faut faire l’expérience de la gratuité de l’amour de Dieu pour vouloir en retour, par reconnaissance, ressembler à Dieu en pratiquant auprès de son prochain cette bonté gratuite de celui qui nous a sauvé. Car le Christ est fondamentalement celui qui s’est opposé à Satan en enseignant aux hommes par toute sa vie et à de multiples reprises, sous différentes formes, l’évangile de la gratuité de Dieu.

¹ Cf (Mt 5)

² Cardinal Robert Sarah, Conférence « Dieu ou rien » donnée à Bruxelles (Belgique) le 7 février 2018 en l’église Notre-Dame de Stockel

³ entrée en 1903 au Carmel de Fontainebleau exilée en Belgique, fondatrice en 1936 du Carmel du Pâquier (Suisse)

M. le chanoine Marcel Michelet, chanoine régulier de Saint-Maurice, Une voix m’a parlé plus fort, Friburgi Helv 1973 p.30-31. Ce livre a été couronné par l’Académie française. L’auteur a reçu le prix Juteau-Duvignau.

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