Du célèbre duel de Mitterrand et de Chirac en 1988, on n’a retenu que le passage où le président et son Premier ministre se sont jaugés, les yeux dans les yeux, pour se convaincre mutuellement de ce qui ressemblait à de la forfaiture. Et sur le moment, c’est Mitterrand qui avait gagné, sans qu’on sache rétrospectivement qui avait raison sur le fond. C’est pourquoi il y a lieu souvent d’interroger non seulement le bien-fondé de la condamnation mais aussi l’usage que l’on fait des arguments moraux.
C’est sans doute la force de l’Église catholique de rappeler à ses fidèles des repères fondamentaux, utiles à leur discernement, en conservant toute son indépendance par rapport au jeu partisan. Si notre épiscopat avait pris parti pour un candidat contre un autre, il serait suspect aux yeux de beaucoup d’utiliser son prestige au service d’une cause électorale, au mépris d’ailleurs des principes énoncés à Vatican II sur l’autonomie nécessaire du politique par rapport au spirituel. Ce n’est que parce qu’il se situe dans un espace transpartisan qu’il peut être écouter de partout. Ainsi, les citoyens qui n’ont pas le sentiment d’être brutalisés, ont-ils la possibilité de réfléchir eux-mêmes librement, sans avoir le sentiment d’être pris en otage.