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Comprendre Dieu ?

25.03.23
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Comprendre Dieu ?

Carte blanche de Didier Rance 06h07

Comprendre Dieu, ou plutôt prétendre comprendre Dieu. Tentation récurrente. Et de grands noms y ont succombé, aujourd’hui comme hier, des grands systèmes à la Hegel aux sciences humaines qui le réduisent à leur savoir et disent comme Carl Jung dans sa dernière interview, c’était pour la BBC, à propos de Dieu, : « Je sais. Je n’ai pas besoin de croire en Dieu, je sais ». Je ne peux pas lire cette déclaration ou d’autres du même acabit sans penser à St Éphrem, à St Augustin et au cardinal Wyszyński, depuis peu bienheureux.

St Éphrem ? Il disait aux premiers temps de l’Église : « Un savoir comprend ce qu’il connait, il est donc est plus que ce qu’il comprend ; si nous prétendons comprendre, savoir Dieu, c’est orgueil de cendre et de poussière ».

St Augustin précisait un plus tard dans son fameux sermon sur la Trinité : « Que pouvons-nous donc dire de Dieu, mes frères ? Si tu as compris ce que tu veux dire de lui, ce n’est pas Dieu. Si tu as pu le comprendre, tu as pris quelque chose d’autre que lui pour Dieu. Si tu crois l’avoir saisi lui-même, tu es le jouet de ton imagination. Il n’est pas ce qu’on comprend, il est ce que l’on ne comprend pas. Ce que comprend le savoir est limité par la compréhension de celui qui sait ». On ne saurait mieux dire. Seule la foi, à condition d’être soutenue par la charité peut aller plus loin. Non qu’il faille renoncer à la connaissance. Le concile Latran IV l’a dit avec beaucoup de justesse : un savoir sur Dieu peut être vrai, s’il reconnait que ce qu’il comprend pas est infiniment plus grand que ce qu’il comprend – quand, par exemple, il le dit créateur, amour ou fin de l’homme.

Stefan Wyszyński est dans la prison où chef de la Pologne communiste Boleslaw Bierut l’a fait jeter, voyant en lui un obstacle à la réalisation d’une société sans Dieu. Apprenant le décès soudain de Bierut, il lui pardonne aussitôt tout le mal injuste qu’il lui a fait – le pardon est une des formes les plus hautes de l’amour – et il ajoute, dans ses Notes de prison : « Bierut est de notre côté désormais. Il sait que Dieu existe, qu’il est l’amour ». Le pardon est lui aussi connaissance, certes lui aussi limitée, mais qui possède déjà ce qui nous attend dans l’éternité – la connaissance savoureuse de Dieu – et la souhaite à l’ennemi.

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