22.04.23 Camille Meyer Catégorie(s) : Vie de l'Eglise

Béatification : qui sont les cinq martyrs de la rue Haxo ?

Ce samedi 22 avril, cinq prêtres, martyrs en 1871, seront béatifiés en l'église St Sulpice à 16h. Qui étaient-ils ?

En entrant chez les religieux des Sacrés Cœurs (Picpus), ils avaient pris les noms de Ladislas, Polycarpe, Marcellin ou encore Frézal. Ils sont avec le père Henri Planchat, des martyrs de la Commune de Paris. En 1871, les cinq prêtres sont emprisonnés à la prison Mazas à Paris avec les quarante deux autres religieux arrêtés par les Communards. 

Père Henri Planchat 

Le père Henri Planchat n’était pas un picpucien mais un religieux de Saint Vincent de Paul. Originaire de la Roche-sur-Yon, il est ordonné le 21 décembre 1850 et sera le premier prêtre de la congrégation religieuse de St Vincent de Paul jusqu’alors composée de frères. Attiré par le souci du plus pauvre, le père Planchat est surnommé le « chasseur d’âme ». En 1863, il est envoyé dans le quartier de Charonne à Paris où son zèle apostolique va rayonner à travers le patronage St Anne. Lorsque la guerre éclate en 1870, ce zèle ne plait pas. Accusé de cacher des armes, il est arrêté le 6 avril 1871 et fusillé le 26 mai 1871 dans la rue Haxo. 

« L’obéissance est, à l’instar du sacrifice eucharistique, un vrai et perpétuel sacrifice »

 (Notes spirituelles, retraite d’automne 1864).

Père Ladislas Radigue

Le père Ladislas Radigue est élevé par son oncle prêtre qui lui donnera des prédispositions au sacerdoce. Il entre au noviciat des Picpuciens et sera ordonné le 22 avril 1948. Ne pouvant partir comme missionnaire, il devient formateur au noviciat où il se révèle être une bon directeur spirituel. Sa pédagogie est reconnue, ainsi que son rôle de pacificateur au sein de sa congrégation. En 1871, le père Ladislas est alors le supérieur des Sacrés-Cœurs de Jésus et Marie. Prudent, il éloigne la plupart des membres de sa communauté de Paris. Il est arrêté le 12 avril 1871 et le 26 mai 1871 dans la rue Haxo. 

« Le père Radigue était avant tout un homme de devoir. N’est-ce pas sa foi active dans Jésus-Christ qui a fait de Ladislas un homme de service ? »

Témoignage du père Malige

Père Polycarpe Tuffier

Jules Tuffier a grandi en Lozère avant d’entrer au noviciat des picpuciens. Il prononce ses vœux et prend le nom de Polycarpe. Il sera ordonné prêtre en 1830 alors que la Révolution éclate. Envoyé à Yvetot, il est l’aumônier des sourds puis supérieur du collège des Petits-Carmes à Cahors. L’établissement va alors jouir d’une grande prospérité. En 1850, la loi favorable à la liberté d’enseignement lui permet d’organiser les cours de latin, de grec et de sciences. En 1863, le chapitre général des picpuciens l’élève à la place de Procureur de la maison principale.  Emprisonné rue de la Roquette, il est fusillé le 26 mai 1871 dans la rue Haxo.

« Dans votre vie vous avez rencontré plus d’une fois de grandes peines. Eh bien, les peines sont pour l’âme le feu qui purifie l’or et le dégage de tout alliage. Pour le prêtre, c’est la seule gloire que l’apôtre saint Paul lui permette d’accepter. Elles nous rappellent que nous sommes les ministres d’un Dieu mort sur la croix. Nous sortirons de cette épreuve meilleurs, il faut l’espérer, et, par conséquent, plus dignes d’annoncer le Dieu crucifié »

Lettre à Mme Langlois, 25 avril 1871

Père Frézal Tardieu 

Originaire de Lozère, c’est à Paris que Jean-Pierre-Eugène ( son nom de baptême) entre au noviciat. Il prononce ses vœux le 24 avril 1839. Après un bref passage en province, il est nommé directeur du noviciat d’Issy-les-Moulineaux. Professeur reconnu, il est le consolateur des affligés dans les établissements où il enseigne. Avec ce cœur compatissant, il avait coutume de dire « qu’il valait mieux parler à Dieu que de parler de Dieu ». Discret, voir caché, le père Frézal Tardieu a pourtant marqué par ses exhortations. Il est arrêté par les communards le 12 avril 1871 et fusillé le 26 mai dans la rue Haxo. 

« Donnez-moi une bonne volonté, ferme, persévérante et une profonde paix. Faites que, marchant toujours en votre présence, je vous trouve en toutes choses. Accordez-moi de tendre continuellement vers vous par amour et par reconnaissance, et d’arriver à vous par la palme du martyr, afin que je puisse vous louer, vous bénir et chanter éternellement vos miséricordes ! Amen.« 

Père Marcellin Rouchouze 

Issu d’une fratrie de trois enfants, tous les enfants Rouchouze sont entrés chez les picpuciens. C’est en entrant au noviciat le 9 août 1834 qu’il laisse son prénom de baptême. Jean-Marie Rouchouze prend Marcellin comme nom en religion. Il prononce ses vœux trois ans plus tard et enseigne. Ses élèves disaient de lui qu’il était consciencieux, vigilant et dévoué. « Mon fils », lui dit le Curé d’Ars en 1852, « vous devez être prêtre ; le bon Dieu a des desseins pour vous ». Agé alors de 42 ans, il suit les conseils du Curé d’Ars et est ordonné prêtre en 1852. Appelé par son frère, le père Euthyme, à Paris, il est nommé secrétaire général des religieux des Sacrés-Coeurs de Jésus et Marie. Le 12 avril 1871, les gardes nationaux débarquent à la maison des Pères de Picpus pour la perquisitionner. « Que cherchez-vous là-dedans ? nous ne faisons point de politique. » demandera le prieur. « Ce n’est point votre politique que nous craignons, mais vous dites la messe et vous portez des scapulaires. Nous ne voulons plus de ces superstitions. » lui répondit un soldat. Le père Marcellin Rouchouze est arrêté ce jour là avec son prieur et les religieux restés sur place. Il est fusillé avec ses frères picpuciens le 26 mai 1871 dans la rue Haxo.   

« La prison est pour moi une véritable école du silence. Du reste, nous aurions tort de nous plaindre. La sainte et adorable volonté de Dieu soit faite en tout et partout. »

Le père Rouchouze dans sa prison

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