28.09.22 Camille Meyer Catégorie(s) : Abus sexuels

Mansour Labaky renvoyé de l’état clérical

Le 21 septembre 2011, le cardinal André Vingt-Trois, alors archevêque de Paris ouvre une enquête canonique après avoir reçu des signalements qui le mette en cause.

Coupable de viols et agressions sexuelles sur mineurs, Mansour Labaky, ancien prêtre maronite libanais a été renvoyé de l’état clérical.

Mardi 27 septembre, le Saint-Siège a décidé du renvoi à l’état clérical de Mansour Labaky. Dans un communiqué, l’APECL (Assemblée des patriarches et des évêques catholiques du Liban ) annonce avoir été notifiée de la décision du Vatican de renvoyer le père Mansour Labaky « à l’état laïc ». « Nous prions… pour les victimes d’agressions sexuelles », poursuit l’APECL, dans une déclaration qui constitue une première reconnaissance des faits par le clergé libanais.

Jusqu’à sa chute, Mansour Labaky jouissait d’une excellente réputation. C’est lui qui a créé le foyer Notre-Dame de la Joie après le massacre de la ville chrétienne de Damour en 1977. Il va prendre en charge les orphelins, chrétiens ou musulmans. En parallèle, il raconte son expérience de la guerre dans des livres qui seront distingués par plusieurs prix littéraires.

En 1990, il s’installe à Paris puis à Douvres-la-Delivrande (Calvados) et fonde le foyer Sainte-Marie-Enfants du Liban où sont accueillis des orphelins libanais chrétiens et musulmans. Sa personnalité charismatique attire les médias et les personnalités. Le réseau de Mansour Labaky ne cesse de grandir en France. De 1999 à 2013, il est nommé vicaire épiscopal du diocèse maronite de Beyrouth.

Premiers signalements en 2011

Et c’est en 2011 que la parole va se libérer. Le 21 septembre 2011, le cardinal André Vingt-Trois, alors archevêque de Paris ouvre une enquête canonique après avoir reçu des signalements qui le mette en cause. La Congrégation pour la Doctrine de la Foi (CDF) le condamne, en première instance en avril 2012, « à une vie de prière et de pénitence loin de tout mineur et privé de son office ecclésiastique ; il lui a été défendu de célébrer la messe en public et de confesser, de mener tout accompagnement spirituel, activité publique et prise de parole dans les médias, ou d’entretenir un contact avec les victimes. » Une condamnation confirmée en appel l’année suivante par Rome.

De retour au Liban dans les années 2000, il ne se présentera pas au juge d’instruction du tribunal de Caen. Un mandat d’arrêt international sera délivré en 2016 à son encontre, mais le Liban n’extrade pas ses ressortissants.. Jugé en novembre 2021, il est condamné par contumace à quinze ans de réclusion criminelle pour viols et agressions sexuelles sur mineurs par la cour criminelle du Calvados à Caen.

L’ONG juridique libanaise Legal Agenda a qualifié la déclaration de l’APECL de « première reconnaissance » par l’église au Liban des crimes de Mansour Labaky. Legal Agenda a également salué la décision du Vatican et a appelé à « mettre un terme au système d’impunité du clergé ».

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