Luc Ferry : « La question, c’est comment concilier croissance et écologie »
La question écologique est désormais au cœur de toutes les élections. Mais que ce cache-t-il derrière l’écologie politique ? Quelles vérités, quelles dérives ? Le philosophe Luc Ferry nous fait part de son analyse dans un essai intitulé « Les sept écologies » aux éditions de l’Observatoire et nous propose une autre voie. Explications au micro de Laurent…
La question écologique est désormais au cœur de toutes les élections. Mais que ce cache-t-il derrière l’écologie politique ? Quelles vérités, quelles dérives ? Le philosophe Luc Ferry nous fait part de son analyse dans un essai intitulé « Les sept écologies » aux éditions de l’Observatoire et nous propose une autre voie. Explications au micro de Laurent Lemire dans « Décryptage ».
Il y a ceux que l’on appelle en allemand les « Fundi » d’un côté et les « Realo » de l’autre. Les « Fundi », ce sont « les partisans de la décroissance », explique Luc Ferry, « des rouges passés au vert », ceux que l’on appelle parfois les « pastèques » : ils veulent changer de paradigme et de système. Les « Realo » quant à eux sont des écologistes voulant « corriger les effets pervers du système capitaliste sans vouloir le tuer », en France, on peut l’associer au courant des « Rocardiens ».
« Les éoliennes sont une catastrophe absolue sur le plan esthétique qui fait partie aussi de l’écologie »
Si l’on regarde de plus près, Serge Latouche, grand essayiste de la décroissance, propose par exemple de diviser par trois le revenu des Français. « C’est totalement inimaginable », rétorque le philosophe Luc Ferry pour qui « il faut chercher ailleurs pour concilier croissance et écologie ». Ce n’est pas mieux du côté des effondristes, collapsologues comme Yves Cochet, qui affirment que « de toute façon, ce n’est pas la peine de s’alarmer », car on va droit vers « la catastrophe », quoiqu’il arrive. Yves Cochet le dit d’ailleurs dans son livre, il faut avant tout « organiser le monde d’après ». « Un livre qui est un formidable scénario de science fiction », souligne Luc Ferry, il débute d’ailleurs son ouvrage ainsi : « la fin du monde est possible en 2020, probable en 2025 et certaine en 2030 », et Yves Cochet affirme qu’il y aura « 4 milliards de morts ». Luc Ferry, lui, se porte en faux : « je n’y crois pas du tout, c’est totalement délirant mais au moins il a une certaine cohérence dans sa réflexion ».
« Une écologie compatible avec la croissance, l’écomodernisme »
Luc Ferry, lui, est partisan de ce qu’il appelle « l’économie circulaire ». « Il s’agit d’une rupture avec le côté linéaire et brutal du capitalisme des premières révolutions industrielles ». Et le philosophe de rappeler l’allégorie du cerisier, « en juin il produit énormément de cerises, plus que l’humain ne peut en consommer », du coup il nourrit d’autres êtres vivants. C’est cette idée que « la nature n’a pas de poubelle ». L’idée aussi que « tout peut être recycler si on s’y prend bien ». Autre point développé par Luc Ferry : « le découplage entre les activités humaines et une grande réserve ». « 4 milliards d’individus vivent sur seulement 3 % de la planète », explique le philosophe, « si 8 milliards d’individus vivaient sur 20 % de la planète, il faudrait organiser les 80 % qui restent en une merveilleuse réserve de nature sauvage, de reproduction de biodiversité, de biomasse et d’absorption des gaz à effet de serre », ajoute-t-il. Dans cet écomodernisme, les villes pourraient trouver toute leur place. « Elles peuvent être un atout si on les organise tout à fait autrement », affirme-t-il, « si tout était à un quart d’heure de chez nous et s’il y ait de la permaculture ».