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La vie des saints souligne qu’il nous faut de la force d’âme pour suivre la voix de la gratuité, qui vient du Ciel, et non la voix de la cupidité, qui suit la logique mondaine du pouvoir et du profit. On ne peut pas ne pas penser à certains dirigeants et à de grandes organisations internationales, comme à certaines organisations d’Église qui font du bien mais ont du mal à pratiquer la gratuité, tentées de demander « un renvoi de l’ascenseur » ou même, de faire « des affaires avec le bien » comme le note le pape François.¹ Donner toujours, donner sans chercher à recevoir, donner sans réserve, se donner gratuitement, que ce soit pour servir l’église dans sa paroisse ou dans son diocèse, que ce soit pour servir son pays ou aider dans une œuvre caritative est toujours un appel à contre-courant de la tentation de faire le bien en se faisant aussi du bien au passage. La vie des saints, leurs enseignements et leurs actes, rappellent que pour aller au Ciel à notre tour, il nous faut suivre non pas la mode du donnant-donnant, qui abandonne ceux qui ne rapportent pas assez, mais des âmes, pétries par la grâce, celle qui conduit au don de soi exigeant car désintéressé pour l’amour du bon Dieu. Alors pour nous aider à comprendre ce qu’est la vraie gratuité, Benoît XVI avait pointé du doigt la grâce, cette notion biblique et théologique oubliée qui constitue le modèle pourtant, cet esprit dans lequel toute réforme devrait être entreprise par l’Église : « Le fait de pouvoir aider n’est ni son mérite ni un titre d’orgueil. Cette tâche est une grâce »². Mais beaucoup, même parmi les prêtres et les évêques, ne comprennent plus les liens étroits que tisse la gratuité avec la grâce. Un grand nombre considère que la gratuité du service de Dieu et des pauvres est un modèle dépassé, jadis réservé aux curés et aux religieuses, aux missionnaires et aux martyrs de la foi, mais selon eux aujourd’hui, le bénévolat ou le salariat dans l’église sont réduits à une option morale qui regarde chacun et où la foi n’aurait rien à voir. Mais vous savez, une des raisons pratiques de l’oubli de ce qu’est la véritable gratuité réside dans la mise à l’écart du latin et du grec dans les formations scolaires qui a réduit à néant la véritable culture, celle qui redonne le sens authentique des mots et la valeur d’éternité de nos actes. Car étymologiquement la gratuité dérive du latin gratuitus qui qualifie un comportement « désintéressé », sans recherche d’intérêts chez Cicéron³ ou Plin l’Ancien⁴ ; un acte qui dans la culture latine s’oppose justement à mercennarius, qui qualifie celui qui est payé, loué pour de l’argent. Or gratuitus est lui-même dérivé de l’adverbe gratis que l’on traduit par « gratuitement, pour rien »⁵. Or la racine dont est dérivé l’adverbe gratis est δωρεαν⁶ en grec, dont le substantif δωρov a donné donum en latin, que l’on traduit par don. Et le grec désigne le don par un autre substantif, χαρισμα⁷, qui signifie aussi le charisme, et qui dérive lui-même de χαρισ qui traduit l’hébreu hén, qui signifie la faveur, la faveur témoignée à quelqu’un. Car comme le rappelle le catéchisme de l’église catholique, l’homme a reçu de Dieu la très haute destinée de le voir et de jouir éternellement de lui, le Bien infini et en même temps, pour y arriver, l’homme a reçu une puissance surnaturelle appelée la grâce.⁸ Alors chers amis, et d’ici à la semaine prochaine, retenons que La véritable gratuité est une action de grâce. La gratuité pour servir Dieu ou aimer les pauvres n’est pas une option morale, c’est une faveur, une faveur divine, cette puissance surnaturelle que l’homme a reçue de Dieu qui nous permet d’agir comme Dieu.
¹ Cf pape François, homélie du 3 Novembre 2014
² Benoît XVI, Deus Caritas est, n°35
³ Cf Cicéron, De Legibus 1,48
⁴ Cf Plin, Ep. 3, 11, 2
⁵ Cf Sénèque, Epistulae ad Saint Lucilium, 104, 34
⁶ Cf (Mt 10,8 ; 2Co 11 ,7 ; Ap 21, 6 ; Ap 22, 17)
⁷ Cf (Rm 6, 23)
⁸ Catéchisme de Saint Pie X, question n°68
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