S’oublier pour faire plaisir par amour de Jésus Christ est la clef du bonheur pour Sainte Thérèse de Lisieux – partie I

Comment trouver le bonheur ? La Tradition Catholique insiste, depuis que le Christ l’a enseigné et l’a mis parfaitement en pratique, pour que nous pratiquions à notre tour cette règle d’or qui nous précède : la véritable charité consiste à donner à son prochain d’une façon désintéressée. Le témoignage des apôtres, transmis à l’église et authentifié par les pères et les docteurs de l’église, pratiqué à leur tour par les saints, invite à pratiquer aujourd’hui encore la règle d’or de la réciprocité du don qui a été enseignée par le Christ : « Ainsi, tout ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites le vous-mêmes pour eux : voilà la Loi et les Prophètes »¹. Alors comment saisir que si nous voulons que notre vie soit heureuse, lorsque nous rendons services à notre prochain, Dieu doit être placé en premier et non pas nos propres besoins, fussent t’ils légitimes ? Mais comment s’oublier dans le service du prochain lorsque nous ne recevons pas de reconnaissance ou même d’estime de ceux que nous aimons ? C’est là une question essentielle, je ne sais pas pour vous, mais pour moi mais bien difficile. Seul le Christ peut nous rassurer que se donner gratuitement est bien la clef de notre bonheur. Mais il est juste d’objecter que cela n’explique pas comment le vivre concrètement au quotidien. Alors en nous mettant à l’écoute de la théologie de sainte Thérèse de Lisieux, nous avons pourtant une réponse simple et puissante : « Jésus brûle d’amour pour nous… Regarde sa Face adorable… Regarde ses yeux éteints et baissés… Regarde ses plaies… Regarde Jésus dans sa Face, là tu verras comme il nous aime. »² Alors comme l’écrit sainte Thérèse de l’enfant Jésus et de la Sainte Face « Vous n’aurez pas de peine à chérir la croix et les larmes de Jésus si vous pensez souvent à cette parole : ‘Il m’a aimé(e) et s’est livré pour moi !’ ».³ Qu’est-ce à dire ? Et bien il me semble qu’à chaque fois que nous aimons gratuitement, nous nous rendons compatible avec Dieu. C’est-à-dire que nous nous préparons à la vie éternelle parce qu’au Ciel il n’y a que la gratuité de Dieu. Au fond, il s’agit du combat dont sainte Thérèse de Lisieux parle et qu’elle appelle l’exil en référence à notre patrie céleste. Car vous savez, notre patrie n’est pas sur terre, notre patrie est au Ciel, dans l’éternité. L’éternité de la fidélité et de la gratuité de l’amour qu’est Dieu lui-même. Quelle joie vraiment ! Mais c’est un combat contre soi-même, contre sa propre nature, car nous pouvons être trop insensible aux pauvres ou trop sensible aux remerciements que nous attendons des autres lorsque nous leur faisons du bien. La petite Thérèse lutta de toutes ses forces elle aussi, en suppliant Dieu. Et une nuit de Noël, le Christ lui permis, par une grâce toute spéciale, de triompher : « Je sentis la charité entrer dans mon cœur, le besoin de m’oublier pour faire plaisir, et depuis lors, je fus heureuse ! »⁴ Alors chers amis, et d’ici à la semaine prochaine, n’ayons pas peur de demander au Christ de nous oublier quand nous faisons plaisir à ceux qui ne nous le rendent pas. Oui oublions nous car Sainte Thérèse de Lisieux, quelques mois avant son entrée dans la vie éternelle, écrivait : « l’amour, c’est tout donner et se donner soi-même. »⁵ Alors s’oublier pour celle qui a été déclarée docteur de l’amour, cet oubli très actuel de la gratuité, c’est un appel à reprendre le chemin du don de soi, de l’oubli de soi qui est un don spécifiquement catholique, car désintéressé et exigeant, puisqu’il est se fait sans condition ni recherche de contrepartie, et à notre détriment s’il le faut. S’oublier pour faire plaisir par amour de Jésus Christ est la clef du bonheur pour Sainte Thérèse de Lisieux. Et il me semble que cet appel nous concerne tous.

¹ Cf (Mt 7, 12)

² Sainte Thérèse de l’enfant Jésus et de la Sainte Face, Lettre 87

³ Sainte Thérèse de l’enfant Jésus et de la Sainte Face, Lettre 184

⁴ Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus de la Sainte-Face (Manuscrit A – 45v°) voir https://www.archives-carmel-lisieux.fr/carmel/index.php/chap-5

⁵ Cf Sainte Thérèse de Lisieux, Poésie 54, mai 1897