Quels liens existent entre la gratuité et notre destinée d’être humain ?

Quels liens existent entre la gratuité et notre destinée d’être humain ? Alors vous me direz ce n’est pas un sujet dont on entend souvent parler à la radio ni même à l’église. Mais pour y réfléchir, ouvrons le catéchisme de l’église catholique et non la dernière thèse à la mode sur le sujet. La tradition catholique y enseigne que l’homme a reçu de Dieu la très haute destinée de le voir et de jouir éternellement de lui, qui est le Bien infini et en même temps, pour y arriver, l’homme a reçu une puissance surnaturelle appelée la grâce.¹ Alors qu’est-ce que cela veut dire ? Dans ces explications du catéchisme, que l’on ne saurait trop recommander, le Père Tomaso Dragone explique que « Adam a été créé pour la gloire et le bonheur du Ciel (…) Ses descendants auraient connu le même sort. Ce merveilleux plan divin fut ruiné par le péché et rétabli par la Rédemption de Jésus-Christ. L’homme a été créé pour la vision éternelle de Dieu, dont naissent la possession et la jouissance éternelles. ».² Mais alors tout cela dépasse absolument la capacité de notre nature humaine me direz-vous. Nous ne pouvons connaître Dieu que par le biais de ses créatures mais non tel qu’il est en lui-même dans la splendeur de sa gloire, de l’amour gratuit et parfait, infini et éternel qui règne entre les trois personnes divines. C’est vrai et sans la gratuité de Dieu, sa grâce, sa faveur, l’homme ne saurait pleinement posséder Dieu et atteindre sa destinée, c’est-à-dire être vraiment heureux. C’est pourquoi il fallait que l’homme reçu en même temps que sa fin surnaturelle, une puissance surnaturelle appelée la grâce. Voilà pourquoi la religion catholique est éternelle : elle nous a transmis la faculté de pratiquer la gratuité. Elle nous permet non plus d’être ignorants et rebelles mais reconnaissants et fidèles envers Dieu qui nous a aimés au point de nous donner son fils unique en sacrifice sur la Croix pour nous faire participer à sa propre vie éternelle par le don de la grâce. Alors la grâce est la gratuité de la faveur de Dieu, qui ne nous coûte rien et nous donne tout. L’histoire enseigne qu’aucun système philosophique n’a réussi à faire régner la bonté parmi les hommes, qu’aucune structure politique n’a réussi, même chez les grecs, à servir l’homme gratuitement, sans se faire payer en retour par le versement des impôts et des taxes, ni sans travailler à sa propre gloire ou en y trouvant son intérêt, allant jusqu’à vouloir changer l’homme, à contre-courant de la loi naturelle et de la loi divine, en luttant contre la grâce de Dieu. Et à l’inverse, Jésus-Christ a comparé la grâce à un trésor caché qui devrait inciter celui qui le découvre à vendre tous ses biens afin de l’acquérir ; à une perle précieuse que le marchand acquiert au prix de tous ses biens³ ; à un habit de fête qu’il faudrait porter afin de pouvoir prendre part au banquet de noces, et sans lequel on est chassé du paradis.⁴ Alors chers amis, et d’ici à la semaine prochaine, retenons que La véritable gratuité est une action de grâce. La gratuité pour servir Dieu ou aimer les pauvres n’est pas une option morale, c’est une faveur divine, cette puissance surnaturelle que l’homme a reçue de Dieu qui nous permet d’agir comme Dieu. Concrètement, cela veut dire que pour aller au Ciel il nous faut non pas exiger une convention collective ou un contrat de travail pour servir Dieu ou soigner les pauvres, mais faire le choix radical de Jésus Christ, c’est-à-dire vivre dans la gratuité de ses œuvres divines, qui ont conduit ses apôtres et ses disciples, les martyrs et les confesseurs de la foi, les saints fondateurs d’œuvres caritatives et les missionnaires au don de soi désintéressé dans l’église pour l’amour du bon Dieu. Car sans pratiquer la gratuité sur terre, nous ne pourrons pas atteindre notre destinée céleste.

¹ Catéchisme de Saint Pie X, question n°68

² Cf Père Tomaso Dragone EXPLICATION du CATÉCHISME de Saint Pie X, les éditions du courrier de Rome, 2010, imprimatur 1950, p. 66-67

³ (Cf Mt 13, 44-53)

⁴ (Cf Mt 22, 2-3, 11-14).