• Société
Dimanche à 7h53, 11h52 et 23h25. 219 podcasts

La Passion de Jésus Christ révèle le mystère de la gratuité de Dieu – partie I

01.04.23
Voir +

Réécouter l'émission

La Passion de Jésus Christ révèle le mystère de la gratuité de Dieu – partie...

Osons la gratuité 07h05

Acceptons-nous sans hésitation une invitation à faire un chemin de Croix ? L’évocation des supplices du Christ lors de sa Passion provoque t’elle en nous une certaine gêne ? Sommes-nous un peu réticents à contempler Jésus agonisant sur la Croix ? Ces questions sont pertinentes lors de la Semaine Sainte. Car dans un monde hyper violent qui banalise et médiatise à outrance la violence et la barbarie, qui diffuse en boucle la cruauté des guerres ou d’attentats, la contemplation des crimes et des violences ne font presque plus peur. Les salles de cinéma comme les serveurs internet, les radios et les journaux comme les libraires ne cessent de déverser, notamment sur les enfants, les images et les récits de cette violence et de cette barbarie sans nom. Il n’a plus guère de gêne devant la gratuité avec laquelle le mal est commis. L’irrationalité avec laquelle la haine peut s’abattre un peu partout dans le monde, à n’importe quel moment, sur n’importe qui, est un fait acquis, et sa contemplation ne fait plus peur, même aux plus jeunes. Dans ce contexte, ce qui devrait attirer notre attention est la suspicion croissante d’un grand nombre envers le mal commis contre Dieu et la gratuité en retour des dons de Dieu. Il est souvent politiquement correct pour les personnes athées, ou religieusement tendance pour les non chrétiens, de relativiser, de mettre en doute ou de rejeter la réalité historique de la Passion de Jésus Christ. Car la Croix révèle la manière d’agir de Dieu au milieu du mal commis par les hommes. Dieu ne fait que du bien, sans jamais commettre le moindre mal, il fait le bien de façon désintéressée, gratuite, c’est-à-dire sans poser de condition, sans exiger de contrepartie, sans arrière-pensée cachée, sans mentir ni induire en erreur, sans jamais commettre le moindre péché, sans exercer la moindre injustice contre personne même pour faire un bien immense. La gratuité de la bonté de Dieu est en totale opposition avec la logique dominante de la gratuité du mal dans notre société et elle entraîne une certaine suspicion envers la gratuité de Dieu. Comme le note le pape François il y a « une suspicion devant la gratuité ». Aujourd’hui encore « les chrétiens peuvent avoir peur de la gratuité de Dieu : elle est si grande qu’elle fait peur ».¹ Une des manifestations de cette suspicion est la difficulté d’un grand nombre de chrétiens à contempler le Christ sur son chemin de Croix, lors de sa Passion, ce chemin du don de soi dans la gratuité totale. Et lorsque la gratuité de Dieu pendant ses souffrances fait peur, elle déforme l’image que nous avons de Dieu, entraînant une forme de rejet de la Passion et peut entraîner une coupure de nos relations avec Dieu. Comment dès lors sortir de cette impasse ?

Et bien comme le note le frère Serge-Thomas Bonino,o.p ², « Le rejet de Jésus en sa Passion est comme le sacrement noir, le signe visible de tous les mépris de Dieu. Comment dès lors renouer avec celui que nous avons ainsi méprisé ? Comment nous réconcilier avec Dieu ? Saint Thomas d’Aquin est catégorique ‘L’offense ne s’efface que par l’amour’ »³

Alors chers amis, n’oublions pas de prier pendant cette semaine Sainte particulièrement pour tous ceux qui ne voient pas le chemin de Croix ou les supplices de Jésus crucifié comme le mystère de la gratuité de Dieu, comme le mystère de l’humilité de l’amour divin qui s’abaisse jusqu’à prendre notre condition humaine malade et blessée, mais sans jamais cesser de rester dans le Ciel.⁴

¹ Cf homélie du 4 novembre 2014

² Dominicain, docteur en philosophie et en théologie, directeur de la revue Thomiste et enseignant au studium des dominicains de Toulouse, membre de la Commission théologique internationale

³ Serge-Thomas Bonino,o.p, Il m’a imé et s’est livré pour moi, Parole et Silence, Les Plans, 2013, p.105-106

⁴ Cf Jn 3, 13

Réagir à l'émission