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Lumière de l'Orthodoxie • 00h03
CHANTS
« Le chant russe znammeny » par le Choeur Sirine, sous la direction d’André Kotov.
Pour entendre les trois chants diffusés dans cette émission, cliquez ici: 1er chant – 2e chant – 3e chant.
Nous recommandons l’interview d’André Kotov, chef du Choeur Sirine dont orthodoxie.com a mis en ligne la traduction française. Cliquez ici pour la lire
INTRODUCTION de Victor Loupan
La Théophanie
Cette semaine, nous avons fêté la Théophanie, selon le calendrier julien, avec son beau rite de la bénédiction des eaux. En effet, lorsque le Christ a demandé à Jean de le baptiser, ce n’était pas pour la rémission de ses péchés, bien sûr. C’était en vue du baptême chrétien. Le Christ, en se plongeant dans le Jourdain, a purifié toutes les eaux de la terre. Mais le baptême de Jésus est encore plus que ça. Comme le dit St Jean Chrysostome « le Christ s’est manifesté à tous non pas au moment de sa naissance mais au moment de son baptême. Jusqu’à ce jour-là, peu de gens le connaissaient ; presque tous ignoraient qu’il existait et qui il était. Jean le Baptiste disait : ‘‘Il y a parmi vous quelqu’un que vous ne connaissez pas.’’ » Et lui-même ignorait qui était le Christ jusqu’au baptême de Jésus. Il savait seulement quel serait le signe auquel il Le reconnaîtrait, car, en l’envoyant prêcher dans le désert, Dieu Le lui avait indiqué. « Je ne le connaissais pas, dit St Jean le Précurseur, mais Celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau m’a dit : ‘‘Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est celui-là qui baptise dans l’Esprit Saint’’. » Et non seulement, l’Esprit Saint s’est manifesté, mais la voix du Père s’est fait entendre ! La Théophanie est donc la manifestation de la Très Sainte Trinité. C’est la réalisation de ce que la mystérieuse visite des trois anges à Abraham avait suggéré.
Bonne fête de la Théophanie, chers frères et sœurs en Christ !
EVANGILE ET HOMELIE par le père Marc-Antoine Costa de Beauregard
La guérison de l’aveugle de Jéricho (Luc 18, 35-43)
En ce temps-là, comme Jésus approchait de Jéricho, un aveugle était assis au bord du chemin et mendiait. Il entendit marcher la foule, et demanda ce que cela signifiait. On lui annonça que Jésus de Nazareth passait par là. Alors il poussa des cris et dit : « Jésus, Fils de David, fais-moi miséricorde ! » Ceux qui marchaient en tête le menaçaient pour le faire taire ; mais lui criait de plus belle : « Fils de David, miséricorde ! » Jésus s’arrêta donc et ordonna qu’on le lui conduisît. Quand l’aveugle fut près de lui, Jésus lui demanda : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » Il répondit : « Seigneur, que je recouvre la vue ! » Jésus lui dit : « Recouvre la vue ! Ta foi t’a sauvé ! » À l’instant même l’aveugle recouvra la vue, et il suivait Jésus en glorifiant Dieu ; et tout le peuple, vit cela, et célébra les louanges de Dieu.
* * *
Homélie : Les évangiles que nous entendons ces temps-ci sont tous à interpréter dans la lumière de la Théophanie ; et ils sont tous à lire dans le contexte de ce que nous vivons actuellement dans nos pays respectifs. Aujourd’hui, le Christ Sauveur, manifesté dans son humanité transfigurée à Bethléem, glorifié comme Fils bien-aimé du Père dans le Jourdain, arrive parmi les hommes pour leur donner la connaissance de ce même Père dans l’Esprit saint. L’aveugle « assis au bord du chemin », c’est Adam déchu, exclu par sa faute du Paradis, affecté d’une cécité congénitale, d’une incapacité de connaître le sens profond de la vie et de percevoir la présence du Sauveur. Au Paradis, tout de suite après la désobéissance, Adam devint incapable de voir Dieu. Il lui devint même insupportable d’être vu par lui, et il se cachait de lui. Ses yeux s’ouvrirent pour ne voir que sa propre nudité et, ne supportant pas de se voir si vulnérable, il se fit des vêtements en feuilles de figuier. Et c’est bien parce qu’il a vu Dieu autrefois au Paradis que l’homme demande aujourd’hui au nouvel Adam de « recouvrer la vue » ! L’aveugle que rencontre le Bien-aimé du Père a donc vu. Soit il est devenu aveugle au cours de sa vie et il souhaite voir comme il se souvient d’avoir vu. Soit il n’a jamais vu, et c’est Adam qui veut recouvrer la vue qu’il se souvient d’avoir eue avant la chute. Le Christ vient dans le monde restaurer la vie naturelle de l’homme. La vie avec le Seigneur Jésus et uni à sa personne divine n’est pas une vie artificielle, surajoutée à celle que nous connaissons. Elle est la vie naturelle. Or il est naturel à l’homme, non seulement « d’entendre la voix de Dieu dans le jardin » de ce monde, de voir l’ombre du passage de Dieu, de voir de dos sa silhouette, et le signe de sa présence dans les créatures, mais encore de le voir en face. Le thème de la vue, ou de la vision, de Dieu, est un des plus importants dans toute la Bible. Et il est vrai que, grâce à l’Incarnation, l’homme peut voir Dieu. Depuis l’heure de la Grotte, les créatures et les hommes recouvrent la vue et voient leur Créateur, son visage et son corps humains. Pendant son baptême dans le Jourdain, a été manifestée l’adoration qui revient à la Trinité. Le Fils, auquel le Père rendait témoignage et que survolait l’Esprit, a montré Dieu à tous les hommes. Ce fut l’heure de la restauration de la vue naturelle. C’est pourquoi l’aveugle a raison de la demander. Il demande ce que précisément le Verbe vient donner. Ce ne sont pas ici des apparences : c’est la réalité. Qui voit l’homme Jésus Christ voit le Fils unique et Verbe de Dieu ; et qui voit le Fils, voit le Père. N’importe qui peut ouvrir le saint Évangile et y voir effectivement le Dieu Homme. Il n’est plus possible de dire qu’on ne connaît pas Dieu ou qu’on ne l’a jamais vu. C’est pourquoi les chrétiens confessent activement la venue de Dieu dans la chair : c’est le fondement de la connaissance de Dieu. Mais, pour que cela soit autre chose que la connaissance du personnage principal de l’Évangile, nous avons l’aide du Saint-Esprit, par lequel nous voyons Dieu en chair et en os. Or, cette connaissance vécue et sensible qui est rendue possible à l’humanité est appelée à se répandre comme une inondation sur toute la face de la terre. L’eau du Jourdain que les chrétiens apportent dans leurs maisons ou dont les prêtres viennent les bénir est cette eau primordiale sur laquelle planait l’Esprit de Dieu. Par ce même Esprit, le Fils et Verbe de Dieu donne à l’homme la grâce paradisiaque de le voir de façon plus réelle encore qu’au Paradis, car le Dieu qui lui parlait s’est maintenant fait chair !
SAGESSE DES PERES par Victor Loupan
Pèlerin russe – Aimez vos ennemis
Après avoir écouté le long récit de la conversion du capitaine, après l’avoir écouté lire l’Evangile selon St Marc en faisant oraison, le pèlerin avait dormi une courte nuit. Il s’était réveillé à l’aube comme d’habitude, et s’était plongé dans sa chère Philocalie enfin retrouvée. Voici la suite, écoutez bien :
« Avec quelle joie, j’ouvre ma Philocalie ! raconte le Pèlerin russe. Il me semble avoir retrouvé mon père après une longue absence, ou un ami ressuscité des morts ! Je l’embrasse et remercie Dieu de me l’avoir rendue. Je commence à lire Théolepte de Philadelphie qui fut métropolite de cette ville au XIII siècle. Je suis surpris de voir qu’il propose de se livrer, en même temps, à trois ordres d’activité : ‘‘Assis à table, dit-il, donne à ton corps la nourriture, donne à ton oreille la lecture, et à ton esprit donne la prière.’’ Je me souviens tout à coup de ce qui s’est passé la veille au soir. Quand le capitaine a lu l’Evangile selon St Marc, j’ai fait oraison. C’est de ça que parle Théolepte. Je comprends enfin la différence entre l’esprit et le cœur !
Voilà que le capitaine se réveille. Je le remercie de sa bonté et lui dit adieu. Il me verse du thé et me donne un rouble d’argent. Nous nous séparons et je reprends ma route tout joyeux. Au bout d’une verste, je me rappelle soudain que j’ai promis à mes deux voleurs un rouble d’argent pour qu’ils me disent où retrouver mes précieux livres. Et voilà que je l’ai, ce rouble d’argent ! Faut-il le leur remettre ? D’un côté, ils m’ont frappé et volé, et n’en peuvent rien faire puisqu’ils sont arrêtés. Mais d’un autre côté, St Paul dit : ‘‘Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger.’’ Et Jésus-Christ lui-même a dit : ‘‘Aimez vos ennemis’’ et encore ‘‘Si quelqu’un veut t’arracher ta tunique, donne-lui aussi ton manteau.’’ Convaincu, je rebrousse chemin et j’arrive à la maison d’étape au moment où la colonne se forme pour repartir. Je cours vers les deux malfaiteurs et leur donne mon rouble, en disant : ‘‘Priez et faites pénitence. Jésus-Christ est l’ami des hommes. Il ne vous abandonnera pas.’’ Sur ces mots, je m’éloigne et repars dans l’autre direction. Après avoir parcouru 50 verstes sur la grand-route, je m’engage dans les chemins de campagne, plus solitaires et propices à la lecture. Longtemps, je vais à travers bois. De temps à autre, je rencontre un petit village. Souvent, je m’installe dans la forêt et reste toute la journée à lire la Philocalie. J’y puise des connaissances étonnantes et profondes. Mon cœur est enflammé du désir de s’unir à Dieu par la prière intérieure. Je m’efforce d’étudier et de contrôler ce que je fais dans la Philocalie. En même temps je suis triste de ne pas trouver un abri où je puisse me livrer à la lecture en paix et sans interruption. »
Nous verrons la fois prochaine ce que le Pèlerin russe va découvrir dans cette étude approfondie.
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