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18 novembre 2018 : Dieu ET liberté – Evangile du riche insensé – Le moine qui avait volé un livre

18.11.18
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18 novembre 2018 : Dieu ET liberté – Evangile du riche insensé – Le moine...

Lumière de l'Orthodoxie 00h03

CHANTS

« Eucharistia – Chants de la liturgie orthodoxe en français » par l’Ensemble Harmonie Géorgienne, sous la direction de Nana Peradze – Jade 2013.

INTRODUCTION  de Victor Loupan

Dieu ET liberté 

« Dieu et liberté » disait Lamennais, le philosophe et homme politique français du XIX siècle. Sa devise, que j’ai adoptée, est inscrite sur les remparts de la ville de St Malo dont il était originaire.

Pour les chrétiens, la liberté, c’est la possibilité de choisir entre le bien et le mal, c’est-à-dire de choisir Dieu ou de Le rejeter. Dieu est amour. Nous sommes créés à son image. Nous sommes donc libres, car il n’est point d’amour sans liberté. Il peut y avoir de l’affection sans liberté, mais pas d’amour. Car l’amour, c’est la libre adhésion à l’objet aimé. Nous sommes donc libres, mais pas abandonnés. Dieu nous maintient dans l’existence à chaque instant. Comme dit la sagesse populaire : « Dieu ne dort pas. » En effet, Dieu permet tout ce qui nous arrive, mais en respectant notre liberté. Rien ne se passe dans notre vie sans notre participation, et pourtant rien ne nous arrive non plus sans la volonté de Dieu. Pour que la force divine puisse transfigurer notre être, nous devons coopérer avec Dieu. En grec, cette coopération s’appelle synergie. Les Pères de l’Eglise emploient cette notion pour désigner le grand mystère de la rencontre entre la Providence de Dieu et la liberté de l’homme. Nous ne pouvons pas dire exactement où se termine notre liberté et où commence l’action de Dieu. Mais, grâce à St Paul, nous savons que la puissance de Dieu agit et se révèle à travers la faiblesse de l’homme. C’est pourquoi nous croyons profondément que la synergie, la coopération divino-humaine est la cause de notre salut.

EVANGILE ET HOMELIE par le Père Marc-Antoine Costa de Beauregard

Le riche insensé (Luc 12, 16-21)     

En ce temps-là, le Seigneur dit la parabole suivante:

Il y avait un homme riche dont les terres avaient beaucoup rapporté ; et il se demandait en lui-même : « Que vais-je faire ? Car je n’ai pas où loger ma récolte. » Puis il se dit : « Voici ce que je vais faire. Je vais abattre mes greniers, j’en construirai de plus grands, j’y serrerai tout mon blé et mes biens, et je dirai à mon âme : Mon âme, tu as quantité de biens en réserve pour beaucoup d’années ; repose-toi, mange, bois, réjouis-toi ! »

Mais Dieu lui dit : « Insensé ! Cette nuit même on va te redemander ton âme ; et ce que tu auras amassé, qui l’aura ? » Ainsi en est-il de celui qui thésaurise pour lui-même, au lieu de s’enrichir en vue de Dieu.

*         *          *

Homélie : Décidément, on parle beaucoup d’argent dans l’Évangile ! On parle beaucoup de riches et de pauvres, de biens de ce monde, d’héritage, de gestion, de salaire. Cela fait trois dimanches de suite qu’il est question d’argent ! Oui, mais le Seigneur Esprit a quelque chose à nous faire comprendre. Le Seigneur Parole a quelque chose à nous dire. Quel est son message pour ce temps liturgique du Carême de saint Philippe, de saint Martin et de Noël ? Voici un homme qui a des projets immobiliers, une perspective de sécurité matérielle grâce au capital accumulé. Tout va bien à la banque ! Les relevés sont excellents ; l’état des placements sans défaut. Où est le problème ? – comme on dit vulgairement. Le problème, c’est la mort, bien entendu,  comme il a été déjà été dit les dimanches précédents : la mort, comme l’argent, on en parle tout le temps. Il doit y avoir un rapport entre les deux… Mais la vraie préoccupation est peut-être encore ailleurs. Disons que c’est celle de la grâce. Le carême de la Nativité, comme tous ces bons carêmes que nous donne l’Église des Pères, n’est pas, ou pas seulement, le temps d’une sorte d’amélioration morale, ou d’une organisation plus sage face à la mort assurée. Ces temps bénis ont pour objet principalement l’acquisition, ou l’actualisation de la grâce. Et la métaphore la plus éloquente de la grâce est l’argent – au risque de nous choquer ! Oui : l’argent ! Celui-ci ne fait pas le bonheur, nos sages le disent bien,  mais il y contribue ! Il facilite la vie, tout de même. Il ne peut pas tout, mais presque ! Il facilite, voilà le mot. Faciliter, c’est rendre « faisable », « possible ». Et l’argent rend bien des projets possibles, non seulement des plans égoïstes comme ceux du mauvais riche de ce jour, mais de bons projets : comme on peut, avec de l’argent, faire du bien ! Comme on peut réjouir ses amis et sa famille ! Comme on peut aider les pauvres ! Comme on peut voyager pour voir la beauté du monde ! Comme on peut s’instruire, aller en pèlerinage, ou rendre visite aux isolés ! La grâce est celle qui rend tout facile, léger et possible. La grâce substitue pouvoir à devoir, l’énergie à la loi, ou bien donne à la loi son énergie et sa puissance prophétiques. L’enjeu des carêmes, le but de toute ascèse, cet entraînement que nous propose l’Esprit saint, est de rendre facile l’accomplissement de la volonté du Père. « S’enrichir pour Dieu » cela veut dire acquérir la capacité charismatique de faire par grâce ce que nous aurions pu faire par devoir ; d’accomplir de bon gré ce que nous ferions en maugréant, en levant les yeux au ciel, comme on dit. Une corvée devient un bonheur quand on l’accomplit par amour pour Dieu et pour le prochain. Mais la grâce, pour parler d’argent, est également un salaire, l’enrichissement des amis du Trésor des biens, des grâces et des énergies divines ! Il y a une dialectique du travail et du salaire, de l’ascèse et de la grâce. Tu travailles pour gagner ; tu mets de côté pour dépenser ; et, avec ce que tu as gagné, tu vas pouvoir faire ; tu vas investir dans les projets divins ; tu auras l’énergie indispensable pour faire le bien, c’est-à-dire la volonté du Père. Enrichissons-nous donc en Dieu ! Acquérons, jouissons de la grâce du saint Esprit que nous avons déjà en banque depuis le saint baptême et la chrismation. Nous sommes déjà riches, ne vivons pas comme des pauvres. Nous sommes pleins de grâce, pleins d’énergie, ne vivons pas comme des esclaves qui craignent le fouet. Tout ce que nous ferons en ce carême en obéissant au Père nous vaudra un salaire de l’Esprit, la légèreté de la grâce et de l’être, que nous investirons à leur tour dans la volonté du Père que nous connaissons par le Fils.

SAGESSE DES PERES par Victor Loupan

Le moine qui avait volé un livre

Voici un récit rapporté par Jean Moschos qui est fort édifiant et qui illustre la parole du Christ : « Il y aura plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent, que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de repentance. » Ecoutez bien :

« Des gens vivant dans le monde avaient une fille. Voici qu’un jour la fille est attaquée par un démon qui la tourmente. Ses parents demandent à plusieurs moines de prier pour elle… en vain. Finalement un moine dont ils sont très proches leur dit : ‘‘Si vous voulez que votre fille guérisse, partez dans le désert, car cest là que résident les saints et je crois que leurs saintes prières obtiendront la guérison de son âme.’’ A ces mots, les parents partent pour le désert avec leur fille. Sur la route, ils voient arriver vers eux un jeune moine. Il se réjouissent : ‘‘Voici que Dieu nous envoie un de ses saints pour nous éviter de nous éloigner dans un si grand désert.’’ Arrivés à sa hauteur, ils se prosternent tous les trois devant le jeune moine en le suppliant : ‘‘Notre petite, que voici, est tourmentée par un démon impur. Au nom du Seigneur, prie pour elle !’’. Mais le moine répond : ‘‘Je ne suis pas lun de ces hommes qui en sont capables. Je suis un pécheur.’’ Ils l’implorent de nouveau : ‘‘Au nom du Seigneur, ne dis pas cela, compatis plutôt avec nous et prie pour elle.’’ Ils pensent que le moine a parlé ainsi par humilité. Mais ils ont beau supplier, le moine répond toujours la même chose. Au bout d’un moment, devant leur insistance, le moine sent tout à coup son cœur brûler et, sortant un livre de son habit, il leur dit avec un serment : ‘‘Jai volé ce livre et je suis parti de là-bas.’’ A peine a-t-il prononcé ces paroles que le démon quitte la jeune-fille, ne supportant pas l’humilité du jeune-homme. Quant aux pauvres gens, loin de rejeter le jeune moine, ils se prosternent devant lui et le proclament saint. »

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