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La chronique de Guillaume Sébastien :
Personne ou presque ne connaît le nom de Sayed Haider Raza (1922-2016). Pourtant cet artiste est l’un des plus importants peintres contemporains indiens, et il a habité et travaillé plus de soixante ans en France.
C’est une très bonne nouvelle que le Centre Pompidou lui consacre une rétrospective. Celle-ci est passionnante car elle permet de voir « toute » l’œuvre de Raza, de façon chronologique. Etudiant l’art au moment de l’indépendance, Raza fonde avec d’autres un mouvement artistique, the « Progressive Artists Group ». Ces artistes refusent l’académisme de leurs études, recherchent une modernité qui déjà s’épanouit en Occident, visitent les expositions qui parviennent péniblement jusqu’à Bombay. En 1950, grâce à une bourse du gouvernement français, Raza arrive à Paris, sans un sou. Paris est encore le centre du monde pour l’art. Raza profite de l’ébullition. Il visite tous les musées, étudie à l’Ecole des Beaux-arts, expose bientôt, notamment chez Lara Vincy.
En 1956, il reçoit le prestigieux Prix de la Critique, sa vie matérielle devient plus facile, il se marie avec une peintre française. L’exposition du Centre Pompidou montre d’abord les débuts de l’artiste, de jolies aquarelles très classiques. Puis, Raza est pendant de longues années sous influence, il se cherche. En 1959, l’œuvre bascule : les paysages se teintent d’abstraction. Les séries s’enchaînent, sont de plus en plus belles : des toiles de grand format, où les rouges feu et les orangés dominent, percées par une lumière irradiante. Les tableaux intitulés « La Terre » des années 70 sont l’apothéose de l’œuvre. On comprend en regardant les toiles que Raza s’est enfin trouvé. Il retourne alors presque chaque année en Inde, pour nourrir son art qui veut être un pont entre sa culture d’origine et la nôtre. Raza qui ressemblait à Buffet, à Soutine, à Zao Wou Ki, est devenu lui-même. En 2011, le peintre quitte la France et retourne définitivement en Inde où il mourra. La boucle est bouclée…