L’exposition Marquet, au Havre

avec Guillaume Sébastien, directeur de la galerie Guillaume et Stéphane Coviaux, directeur de l’association Venez et Voyez, professeur au Collège des Bernardins et à l’Institut Catholique de Paris.

La chronique de Guillaume Sébastien : 

Albert Marquet (1875-1947) est né dans une famille pauvre à Bordeaux, handicapé par un pied-bot et une forte myopie. Cela ne l’a pas empêché de devenir un peintre très reconnu à son époque, ami notamment de Matisse, qui participa à l’aventure du Fauvisme, vendant énormément ses tableaux, jusqu’aux grands collectionneurs russes Morozov et Chtchoukine. Marquet fut tellement vendu que l’œuvre tomba en disgrâce après-guerre car qualifiée de trop commerciale et répétitive par le milieu de l’art, féroce. En 2016, le musée d’Art moderne de Paris réhabilita Marquet en lui organisant une magnifique rétrospective qui montra à quel point, si le thème de l’eau et de la Seine en particulier sont récurrents chez Marquet, l’œuvre est très singulière avec son point de vue en contre-plongée et les diagonales et lignes qui composent les toiles. Marquet est un « paysagiste de l’eau » unique. Le musée Malraux du Havre organise une nouvelle exposition Marquet consacrée cette fois à ses voyages en Normandie. On y voit des toiles somptueuses, petits et grands formats habillés de teintes rosées et bleutées d’une grande délicatesse traversés par une lumière omniprésente. Les cotes et les plages normandes, les ports du Havre et de Rouen, les quais de Honfleur et de Fécamp, sont ainsi transcendés par l’œil du peintre. Pas de pluie et peu de grisaille, sauf celle de la fumée des cheminées d’usines, au loin. Marquet donne ainsi raison aux habitants du Havre qui affirment qu’il y a chez eux du soleil au moins une fois chaque jour… Allez donc au Havre (2h seulement de Paris) avant le 24 septembre, (re)découvrir Marquet, peintre heureux, et le musée Malraux, une pépite et l’un des grands musées de l’Impressionnisme en France.