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Encore Compostelle cette semaine. Avec le printemps qui finira par arriver, c’est un bon marronnier, comme on dit dans la presse, comprenez une couverture qui fait vendre. Ainsi ce mensuel qui vous permet de voyager dans votre fauteuil pour quelques euros et vous propose d’aller à Compostelle sur papier glacé en une quarantaine de pages… Quelques témoignages intéressants mais il se dégage de l’ensemble une odeur de Publireportage ! Je ne saurais dire pour qui. Ministère de la Culture ? ou peut-être simplement surfant sur l’air du temps.
Le pèlerinage médiéval, son origine, ses modalités, affleurent quelques fois au détour d’un paragraphe ; le pèlerinage relancé il y a quelques décennies, de même ; mais l’accent est mis ailleurs, sur la « redynamisation » actuelle, à savoir d’abord l’EuroVélo 3, piste cyclable financée par l’Union européenne, de la Norvège (mais ne dit rien du Compostelle norvégien – Nidaros) à Santiagon : ne soyez pas ringard, faites Compostelle, mais en vélo ou à la voile ! Ou sinon prenez une valise à roulette qui vous sera portée d’une étape à l’autre, dormez en couple dans un gîte de charme ou encore mieux, dans une alcôve dorée à la feuille d’or à l’intérieur d’un faux rocher ou, pour moins de 100 euros dans une ancienne citerne pour abreuver le bétail, tout confort. Le magazine vend ici la mèche : ces créations, et d’autres comme une lune artificielle flottant au-dessus d’un village-étape sont subventionnées par ministère de la Culture qui subventionne ces créations pour dit-il « titiller la curiosité du marcheur (le pèlerin a disparu au passage).
Cette laïcisation complète du pèlerinage ne m’étonne pas, comme l’affirmation que seul compte vraiment dessus le cheminer vers soi-même. Il y a une douzaine d’années, un soir d’étape vers Compostelle, nous échangions entre pèlerins sur les raisons qui nous faisaient marcher – ce n’est pas la norme mais cela arrive. Quand ce fut mon tour, je dis que je le faisais parce que j’étais catholique et que nos ancêtres dans la foi l’avaient créé. Aussitôt un pèlerin français réagit, outré : Oh, vous les Cathos, vous essayez vraiment de tout récupérer, même Compostelle. Il était fâché ! A nous de montrer, par nos pieds et nos paroles, que Compostelle ou la Via Francigena sont aussi des chemins de foi.