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L’Ukraine, plus qu’un pays, un message

05.03.22
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L’Ukraine, plus qu’un pays, un message

Carte blanche de Didier Rance 06h07

Je ne peux pas me taire quand il s’agit de l’Ukraine. En 1988, c’était encore l’URSS, j’y suis allé pour l’AED sous le couvert d’un groupe de jeunes pour établir un contact avec un prêtre clandestin, pour une aide elle aussi clandestine. Je n’ai pu le rencontrer, il avait été arrêté en train de célébrer secrètement dans une forêt et envoyé pour nettoyer à mains nues Tchernobyl.  Rentré en France, je témoignais pour nos frères catholiques d’Ukraine dans les catacombes. Un jour, dans une église, une dame en pleurs m’a dit : « Je suis ukrainienne. C’est la première fois depuis que je suis arrivée en France il y a quarante ans que j’entends parler et qu’on appelle à prier pour mon Église si persécutée. Merci. ». J’y ai vu un signe du Seigneur ; je suis devenu diacre bi-rituel pour cette Église, je l’ai aidée comme je pouvais jusqu’à la fin de la persécution, puis j’ai participé à sa résurrection, publié sur elle et, depuis 2007, je donne un cours pour l’Université Catholique d’Ukraine sur l’œcuménisme des martyrs et des saints, dont elle en a donné un témoignage capital.

L’Ukraine que je connais est plus qu’un pays, c’est un message. Ce n’est pas un hasard si le centre géographique de l’Europe s’y trouve, entre Atlantique et Oural. C’est tout aussi vrai historiquement et donc culturellement, spirituellement. Or un milieu peut-être un front ou un pont. Sans vouloir idéaliser un pays aussi abimé que les autres de l’ex-URSS par la « catastrophe anthropologique » du communisme dont parlait le cardinal Lustiger, j’ai vu combien mon Université et d’autres de l’Église gréco-catholique si vivante, avec de nombreuses vocations, travaillent à réparer et à bâtir des ponts en tous domaines dans ce pays et au-delà, : réconciliation avec les orthodoxes, avec les voisins de l’Ukraine, avec le monde juif, avec les bases de la morale sociale. Je pense à notre vice-recteur, Myroslaw Marynovych, sorti du Goulag à la fin de l’époque soviétique, et depuis artisan d’une reconstruction de son pays sur les valeurs de l’Évangile. Et à bien d’autres, qu’il faudrait tous nommer.  Oui, l’Ukraine que je connais est plus qu’un pays, c’est un message, et nos frères catholiques y sont doublement menacés, dans leur chair et dans leur âme.

 

 

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