Affaire Santier : les évêques bouleversent le programme de l’Assemblée plénière
"L'Eglise de France est une nouvelle fois bouleversée par le drame des abus de la part de ses pasteurs", a écrit le pape aux évêques de France.
Le pape François a estimé que l’Eglise de France était « une nouvelle fois bouleversée par le drame des abus de la part de ses pasteurs », après l’affaire Santier, dans un message adressé jeudi 3 novembre aux évêques français réunis à Lourdes.
Les évêques sont réunis pour à Lourdes leur Assemblée plénière d’automne. Le pape François leur a adressé un message « au nom du cardinal Parolin », secrétaire d’Etat du Saint-Siège, a indiqué le père Hugues de Woillemont, secrétaire général de la CEF lors d’un point presse.
« Le Saint Père était au courant des sujets de l’Assemblée, y compris ceux qui se sont davantage imposés aux évêques récemment », a rapporté le père Hugues de Woillemont, faisant allusion aux révélations mi-octobre concernant l’ancien évêque de Créteil, Mgr Michel Santier, sanctionné en 2021 par les autorités du Vatican pour des « abus spirituels ayant mené à du voyeurisme sur deux hommes majeurs » dans les années 1990.
« L’Eglise de France est une nouvelle fois bouleversée par le drame des abus de la part de ses pasteurs », a écrit le pape. Le souverain pontife invite « par ailleurs les évêques à ne pas se décourager mais à persévérer dans les efforts », a poursuivi le secrétaire général de la CEF.
François a appelé les évêques à se « pencher sur les blessures du peuple de Dieu: les victimes de ces abus, en premier lieu, mais aussi toutes les personnes scandalisées, déçues et éprouvées », selon ses propos rapportés.
Depuis trois semaines, les révélations sur Mgr Santier ont créé colère et crise de confiance parmi des victimes et chez des fidèles, qui ont dénoncé « le silence » des évêques autour de sa sanction, tenue secrète. Elles ont aussi bouleversé l’ordre du jour de cette assemblée plénière.
Les quelque 120 membres de la Conférence des Evêques de France, réunis à Lourdes jusqu’au 8 novembre, ont ainsi pour objectif, entre autres, de travailler à des « propositions concrètes » afin d’améliorer la communication et la transparence dans les mesures canoniques prises à l’encontre de clercs mis en cause dans des affaires de violences sexuelles.
Nous avons besoin de temps pour poser les faits, réviser les procédures qui existent, vérifier leur mise en œuvre, comprendre les exigences du droit de notre pays et du droit canonique mais aussi les attentes et les besoins des personnes victimes et du peuple de Dieu. (3/8)
— Mgr de Moulins-Beaufort (@Mgr_EMB) November 3, 2022
« Nous nous réunissons avec des sentiments mêlés de colère, de honte, d’impuissance, d’incompréhension », a déclaré aux évêques le président de la CEF, Mgr Eric de Moulins-Beaufort, lors de son discours d’ouverture.
Selon l’archevêque de Reims, pour la première journée, « il y avait besoin« , pour les évêques, « de pouvoir échanger (…), de voir ce qui avait dysfonctionné », dans l’affaire Santier, a-t-il dit, jugeant nécessaire de travailler, par exemple, « sur la question de la communication aux différentes étapes » d’une procédure, ou encore sur les mesures elles-mêmes.
Cette rencontre a lieu un peu plus d’un an après la publication du rapport choc de la commission Sauvé sur l’ampleur de la pédocriminalité dans l’Eglise de France depuis 1950. A son issue, l’épiscopat avait notamment reconnu sa « responsabilité institutionnelle », ainsi que le caractère « systémique » des violences.