07.11.22 Camille Meyer Catégorie(s) : Vatican

Les confidences du pape de retour de Bahreïn

Le pape François a rencontré à Bahreïn Ahmed al-Tayeb, le grand imam d'Al-Azhar, la haute instance de l'islam sunnite qui a son siège au Caire et le patriarche Bartholomée.

Liban, dialogue interreligieux, abus sexuels dans l’Eglise, le pape François a tenu la traditionnelle conférence de presse en revenant de son 39e voyage apostolique à Bahreïn.

Abus sexuels dans l’Eglise : « la volonté de l’Église est de tout clarifier »

Interrogé par Hugues Lefèvre d’I.Media sur la possibilité de rendre publiques les sanctions canoniques pour davantage de transparence, le Saint-Père a déploré que « des personnes au sein de l’Église qui n’y voient pas encore clair (…) C’est un processus en cours que nous menons avec courage et tout le monde n’a pas ce courage ». « Pour un prêtre, l’abus (sexuel) est comme aller contre sa nature sacerdotale et contre sa nature sociale. C’est pourquoi c’est une chose tragique et nous ne devons pas cesser » de combattre ce fléau, a déclaré le pape au cours d’une conférence de presse dans l’avion le ramenant de Bahreïn. « Nous travaillons du mieux possible » pour lutter contre la pédocriminalité dans l’Eglise, a assuré le pape. « Certaines choses ont été cachées, avant le scandale de Boston on changeait les personnes (on déplaçait les prêtres). Maintenant, tout est clair et nous avançons sur ce sujet », a-t-il ajouté, faisant allusion à la série de révélations au début des années 2000 aux Etats-Unis. Malgré « la tentation du compromis« , « la volonté de l’Église est de tout clarifier » a-t-il encore assuré, estimant que « l’Église doit avoir honte des mauvaises choses, tout en remerciant Dieu pour les bonnes choses qu’elle a faites ».

Liban : l’appel de François aux politiciens libanais

« En voyant des fidèles du Liban présents, j’assure de ma prière et de ma proximité ce pays bien-aimé, si fatigué et si éprouvé, et tous les peuples qui souffrent au Moyen-Orient », a déclaré le pape dans son dernier discours public à Bahreïn. Profitant de la conférence de presse à bord de l’avion papale, François a lancé un appel aux politiciens libanais : « laissez de côté vos intérêts personnels, regardez le pays et mettez-vous d’accord ». Depuis le 1er novembre, le Liban n’a plus de président, le mandat de Michel Aoun s’est achevé sans que le parlement ne trouve son successeur. « Je ne veux pas dire de sauver le Liban, parce que nous ne sommes pas des sauveurs. Mais s’il vous plaît : soutenez le Liban, aidez-le pour qu’il sorte de cette mauvaise pente. Que le Liban retrouve sa grandeur », a poursuivi le pape, estimant qu' »il existe des moyens » pour cela.

Le Liban « est si généreux et il souffre », a ajouté François, faisant part de sa « douleur » devant les affres que connaît ce pays, où 80% de la population vit désormais sous le seuil de pauvreté. En plein effondrement économique, le Liban est en proie à une inflation à trois chiffres depuis le début de la crise en 2019, largement imputée à la corruption et à l’inertie de la classe dirigeante, inchangée depuis des décennies.

Bahreïn, un voyage de rencontre 

Le pape François a rencontré à Bahreïn Ahmed al-Tayeb, le grand imam d’Al-Azhar, la haute instance de l’islam sunnite qui a son siège au Caire et le patriarche Bartholomée. « Le but était de se retrouver dans le dialogue interreligieux avec l’Islam et en dialogue œcuménique avec Bartholomée. » explique le pape, « les idées du Grand Imam d’Al-Azhar allaient précisément dans ce sens de la recherche de l’unité, l’unité au sein de l’Islam en respectant les nuances, les différences mais avec l’unité, unité avec les chrétiens et avec les autres religions, et pour entrer dans le dialogue interreligieux ou le dialogue œcuménique, il faut avoir sa propre identité. On ne peut pas partir d’une identité diffuse. Je suis islamique, je suis chrétien, mais j’ai cette identité et je peux donc parler avec cette identité. » Le dialogue, « pour pouvoir dialoguer » conclut François.

Sa visite à Bahreïn, la 39e à l’étranger depuis son élection en 2013, est aussi la deuxième dans la péninsule arabique après son voyage historique aux Emirats arabes unis en 2019.

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