Pour Erwan Le Morhedec, la consultation sur la fin de vie « ne part pas sous les meilleurs auspices »
"J'espère que le pouvoir aura à cœur de donner toutes les garanties pour contrebalancer ce sentiment profond" souligne-t-il à Louis Daufresne.
Avocat, catholique, blogueur, Erwan Le Morhedec était l’invité ce mardi 20 septembre du Grand Témoin de Louis Daufresne. Il est l’auteur de « Fin de vie en République – Avant d’éteindre la lumière » (Cerf), une enquête auprès des soignants, des proches, dans les établissements de soins palliatifs.
Une consultation citoyenne sur la fin de vie lancée le mois prochain. Le Conseil économique, social et environnemental (CESE), organisateur de cette convention, rendra les conclusions en mars prochain. L’annonce de ce lancement fait suite à l’avis du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) rendu public le 13 septembre dernier, avis intitulé « Questions éthiques relatives aux situations de fin de vie : autonomie et solidarité ».
Selon Erwan Le Morhedec, cette consultation ne part pas sous les meilleurs auspices, « j’espère que le pouvoir aura à cœur de donner toutes les garanties pour contrebalancer ce sentiment profond » souligne-t-il à Louis Daufresne, « on sait que la consultation est notamment engagée par Agnès Firmin- Le Bodo, qui est partisane de l’euthanasie, par Olivier Véran, qui a tenu des propos qui étaient problématiques sur la question de la sédation, de la mort de faim et de soif. Le tout organisé par le Conseil économique et social dont on sait qu’il est présidé par quelqu’un qui a publié une tribune favorable à l’euthanasie et que ce Conseil avait lui-même, en 2018, rendu un avis très problématique, appelant de ses vœux une sédation explicitement létale. Ce qui montrait à la fois qu’il ne comprenait rien puisqu’une sédation ne peut pas être létale sinon ce n’est pas une sédation (…) Voilà donc, les signaux ne sont pas positifs. »
Avocat et catholique, Erwan Le Morhedec a écrit « Fin de vie en République – Avant d’éteindre la lumière« , une enquête auprès des soignants, des proches, dans les établissements de soins palliatifs. Un milieu qui le touche, « c’est vraiment une lumière dans la société, si j’ose m’exprimer ainsi. Ce n’est pas toujours mon vocabulaire mais c’est quand même un des rares lieux où j’ai vu de l’amour en acte tout en restant professionnel.
Depuis tous les lundis, il se rend dans une unité parisienne de soins palliatifs, « c’est un sujet sur lequel on arrive avec nos histoires, beaucoup d’histoires personnelles : le souvenir de décès tragique, de mauvaises prises en charge de parents ou de grands-parents qui sont morts dans de mauvaises conditions », raconte t-il, « je trouve que c’est important de savoir que l’on se réfère souvent à des périodes, malheureusement il n’y a pas des soins palliatifs partout en France, antérieures à la création des soins palliatifs donc il fallait témoigner de ce que l’on fait aujourd’hui. »
La loi peut-elle contraindre les soignants ? A priori pas, répond le Erwan Le Morhedec, « mais la question de la clause de conscience est beaucoup moins claire en pratique qu’elle ne peut l’être quand on l’écrit dans un texte législatif. » Une clause de conscience réclamée par l’Ordre des Médecins. Pas « favorable à l’euthanasie », l’Ordre considère que si la France ouvre la possibilité d’une aide active à mourir, les médecins doivent bénéficier d’une « clause de conscience« , c’est ce que qu’a déclaré son président jeudi au Quotidien du médecin, Selon lui, « il faut lutter contre ces inégalités d’accès aux soins palliatifs, par la formation, et déjà par l’application de la loi Claeys-Leonetti ».
Un constat partagé par l’avocat qui rappelle que le droit d’accès aux soins palliatifs « est dans la loi depuis 1999, donc c’est censé être un droit pour tous les français. Or on a vingt-trois départements en France qui n’ont pas d’unité palliatifs. »
Et les catholiques ?
« La position de l’Eglise n’a jamais été uniquement de dire tu ne tueras point et on refuse l’euthanasie » rappelle l’invité du Grand Témoin, « elle a été aussi de lutter contre la douleur à une époque où la société s’en fichait pas mal. C’est notamment le père Verspieren, quand il dirigeait la revue Laennec, a facilité la prise de conscience à la fin des années 70 pour lutter contre la douleur, contre la souffrance.
Les évêques ont d’ailleurs publié une tribune dans le journal le Monde vendredi 16 septembre, plaidant pour une aide active à vivre plutôt que pour une « aide active à mourir », où ils appellent à développer l’offre de soins palliatifs et à ne pas traiter ces question « sous la pression ». Une tribune signée par le Conseil permanent de la Conférence des évêques de France.
L’Assemblée nationale lance une mission d’évaluation
Les députés viennent d’annoncer le lancement en novembre d’une mission d’évaluation de la loi Claeys-Leonetti sur la fin de vie, votée en 2016, en parallèle de la convention citoyenne voulue par Emmanuel Macron en vue d’un possible nouveau « cadre légal » d’ici fin 2023.
La commission des Affaires sociales du palais Bourbon doit prendre « toute sa part dans le traitement de ce sujet« , a souligné dans un communiqué sa présidente Fadila Khattabi (Renaissance, ex-LREM), à l’initiative de cette mission d’évaluation transpartisane.