Crise et confinement : « on peut remodeler nos vies sans aller dans la radicalité »
Qu’avez-vous changé pendant cette crise ? La pandémie et les confinements qui l’ont rythmée ont bouleversé chacun d’entre nous. Il y a ceux qui ont changé radicalement de vie, ceux qui ont quitté la ville ou plaqué leur ancien travail. dans « En Quête de Sens », Marie-Ange de Montesquieu donne la parole à trois d’entre eux.…
Qu’avez-vous changé pendant cette crise ? La pandémie et les confinements qui l’ont rythmée ont bouleversé chacun d’entre nous. Il y a ceux qui ont changé radicalement de vie, ceux qui ont quitté la ville ou plaqué leur ancien travail. dans « En Quête de Sens », Marie-Ange de Montesquieu donne la parole à trois d’entre eux. Témoignages.
« La qualité à Paris, c’est très compliqué », explique Michel Floquet. C’est ce qui l’a poussé à partir habiter à la campagne tout en continuant à travailler dans la capitale. Un mouvement qu’il n’est pas le seul à avoir suivi. Des dizaines de milliers de citadins sont arrivés dans les campagnes françaises durant le confinement. « Ce n’est pas comme les néo-ruraux des années 70 qui voulaient réinventer le monde », souligne-t-il, « mais une quête de qualité de vie, tout simplement ». Quitter la ville et se priver de ses richesses culturelles et éducatives ? « Peut-être que l’on peut donner une bonne éducation à ses enfants dans les petits établissements de province », affirme Michel Floque, « et avoir aussi une vie professionnelle enrichissante… C’est un champs des possibles qui n’existait pas il y a quelques dizaines d’années ».
De tout, il restera trois choses – Un poème de Fernando Pessoa
De tout, il resta trois choses :
La certitude que tout était en train de commencer,
la certitude qu’il fallait continuer,
la certitude que cela serait interrompu avant que d’être terminé.
Faire de l’interruption, un nouveau chemin,
faire de la chute, un pas de danse,
faire de la peur, un escalier,
du rêve, un pont,
de la recherche…
une rencontre.
Pour Gaëlle Josse, changer de vie s’est révélé être « une nécessité intérieure ». « Il y a des banalités qui deviennent des Himalayas insurmontables », dit-elle, « le corps lâche, reprend le pouvoir sur le cerveau, sur l’esprit et on y arrive plus… Le corps peut nous sauver la vie en disant stop ». Gaëlle Josse a fini par s’interroger. « Je me suis demandé, où est ma vie, où sont les promesses que je me suis faites enfant et ado, comment retourner cet être humain que j’avais envie d’être ? », explique-t-elle. « Il ne s’agit pas de tout changer ou de tout balancer, quelquefois on peut infléchir, remodeler nos vies sans aller dans la radicalité… Notre vie, c’est une lave en fusion permanente, c’est ce matériau vivant qui nous permet de faire des choix ». Gaëlle Josse souligne que la crise nous a ouvert d’autres perspectives : « on a vu qu’il y avait peut-être d’autres possibles, cela donne des idées et cela permet quelques fois d’accomplir des choses dont on avait rêvé ». Mais, ajoute-t-elle, « on peut aussi être attentif à la vie et aux autres, sans partir à la campagne,… l’attention à la vie, on peut la voir partout », même dans les villes.
L’allégorie du vin
Laure Gasparotto, elle, a quitté Paris pour le Larzac. Elle est devenue vigneronne. « C’est l’écriture qui a été pour moi ma façon d’être au monde », dit-elle. Sa quête est d’abord passée par « une quête intérieure ». « A un moment, il y a une évidence du chemin que l’on doit prendre, même si on ne sait pas où on va ». Elle explique que pour elle, « faire son vin est quelque chose de très philosophique ». Elle n’a pas oublié ses premières vendanges. « Elles m’ont fait comprendre le potentiel que j’avais dans ma cuve… Je voulais faire un vin généreux pour mes amis, un vin ressemblant au lieu… Une carte postal d’un lieu que l’on peut amener ailleurs, c’est ça la beauté du vin », ajoute-t-elle, « je veux laisser faire le raisin, voir où il va me mener ! ».
Les invités de Marie-Ange de Montesquieu :
Gaëlle Josse auteur, dans « Ce matin là » elle raconte l’histoire d’une femme qui n’a pas le choix : un burn-out lui impose de changer de vie.
Laure Gasparotto, journaliste elle décide de changer de vie après un mariage raté et réalise son rêve : devenir vigneronne. Laure Gasparotto raconte dans « Vigneronne » (Grasset) comment elle a quitté Paris pour s’installer dans un domaine viticole sur les terrasses du Larzac.
Michel Floquet, a décidé d’aller vivre à la campagne tout en continuant de travailler à Paris. Il se raconte avec Sophie Coignard dans « Quitter la (grande) ville » (Albin Michel) où il dresse un tableau plein de surprises d’un phénomène qui prend chaque jour de l’ampleur.