« Porter sa croix, c’est aimer jusqu’au bout »
À l’occasion du Vendredi Saint, Marie-Ange de Montesquieu revient sur la notion de souffrance. Comment porter sa croix dans nos vies aujourd’hui ? En ce jour du Vendredi Saint, Jésus porte cette croix lourde et imposante sous les cris humiliants de la foule. C’est au milieu de personnes condamnées, comme lui, par la justice des hommes que Jésus…
À l’occasion du Vendredi Saint, Marie-Ange de Montesquieu revient sur la notion de souffrance. Comment porter sa croix dans nos vies aujourd’hui ?

En ce jour du Vendredi Saint, Jésus porte cette croix lourde et imposante sous les cris humiliants de la foule. C’est au milieu de personnes condamnées, comme lui, par la justice des hommes que Jésus meurt dans la souffrance.
Cette douleur est indéniablement présente dans nos vies à un moment donné. Chacun traverse des épreuves : perte d’une personne chère, abandon, rupture. Quelque soit la nature de l’obstacle, la souffrance est présente, et doit être reconnu comme telle.
Dans En Quête de Sens, Père Cédric Burgun, vice-doyen de la faculté de droit canonique de Paris et directeur au Séminaire des Carmes, Anne Lécu, dominicaine, docteur en philosophie et en médecine, et auteure de « A Marie » (Cerf), et Alain Gillot, grand reporter et passionné des peuples autochtones, auteur de « La banquise en chacun de nous » (Flammarion) tentent de discuter de cette douleur.
Quand la souffrance est là …
Lors de la Passion, deux attitudes de souffrance sont observables. D’un côté, Marie, se tient debout aux pieds de Jésus, qui se fait crucifier sous ses yeux. Elle surmonte sa douleur par la foi en Dieu. De l’autre, Jésus montre qu’il est difficile de porter sa croix, même en ayant la foi. Ces comportements, chacun de nous peut les vivre, même au quotidien comme l’explique Anne Lécu avec un exemple simple : « Je peux aujourd’hui défendre les victimes d’abus de pouvoir, et en même temps, en prison, là où je travaille, être aux côtés des coupables, prendre soin d’eux. »
D’après le père Cédric Burgun, la souffrance, et la douleur ne sont pas nécessairement « plus facile avec la foi ». Il conseille: « La première des choses que le chrétien peut faire face à la souffrance c’est de se taire et de rester humble, parce que même dans la foi chrétienne il n’y a pas de réponse à ce mystère de la souffrance. » Cependant, se taire n’empêche pas le geste de tendresse.
« Je suis Celui qui justifie votre existence »
Alors que Jésus est abandonné par les hommes qui le condamnent, il continue de croire en nous. Anne Lécu dit même de façon très simple : « La foi c’est de croire que le Christ croit en nous. Il nous dit « Je suis celui qui justifie votre existence, donc vous pouvez vous appuyer sur moi. » C’est d’ailleurs un point que rejoint Alain Gillot. Alors qu’il a vécu la mort de son fils il y a quelques années, il raconte aujourd’hui le soutien qu’il a reçu : « On voit des choses tellement belles, comment ne pas croire dans ces situations-là. »
Pourtant, aujourd’hui le nombre de suicides en France augmente, et ce, également chez les plus jeunes. Un constat qui interroge le père Cédric Burgun : « Il y a une responsabilité sociale et sociétale. Quelle image nous renvoyons pour que ces personnes qui se suicident n’aient pas trouvé dans le regard de la société, de ceux qui les entoure, quelque chose qui les raccroche ? Qu’est-ce que j’ai loupé moi-même ? Qu’est ce que j’ai renvoyé à la société pour que des personnes, en me voyant vivre, se sentent coupé de cette société ? »