“Les représentants catholiques ont un devoir d’exemplarité” affirme l’avocat Richard Malka
Dans son dernier livre, l’avocat de Charlie Hebdo, Richard Malka, défend le « droit d’emmerder Dieu » et rappelle que le droit de critiquer les religions est une des conditions de notre liberté. Il était aujourd’hui l’invité de Christian Makarian. Il est l’avocat de Charlie Hebdo mais aussi de la jeune Mila menacée de mort après avoir prononcé…
Dans son dernier livre, l’avocat de Charlie Hebdo, Richard Malka, défend le « droit d’emmerder Dieu » et rappelle que le droit de critiquer les religions est une des conditions de notre liberté. Il était aujourd’hui l’invité de Christian Makarian.
Il est l’avocat de Charlie Hebdo mais aussi de la jeune Mila menacée de mort après avoir prononcé des propos jugés menaçants envers la religion musulmane. Richard Malka vient de publier “Le droit d’emmerder Dieu”, un livre au titre « irrévérencieux » selon ses propres dires. Dans cet ouvrage, Richard Malka retranscrit sa plaidoirie prononcée l’hiver dernier lors du procès des attentats de janvier 2015 qui sonne comme un hymne à la liberté et une ode à l’esprit critique. Des valeurs que le magistrat martèle une nouvelle fois face à Christian Makarian dans son émission politique sur Radio Notre Dame. “Les religions, c’est le pire mais aussi le meilleur”, assume celui qui admet lire la “Torah plus comme l’Iliade et l’Odyssée”, car “je ne suis pas croyant”, explique-t-il. “La liberté de critiquer les religions est essentielle que l’on soit croyant ou non”, parce qu’elle permet une remise en question constante des religions elles-mêmes, parce qu’elle fait entrer le débat en leur sein, et “moi j’aime le débat”, justifie-t-il.
Une nécessité de critiquer les religions
Cette nécessité de critiquer, “c’est aussi les textes eux-mêmes qui le disent”, admet l’avocat. “Il existe de multiples anecdotes qui nous invitent à contester Dieu. Le fameux discours d’Abraham pendant Sodome et Gomorrhe qui demande à Dieu “c’est ça ta justice ?”.” Le danger réside selon lui dans le fait que certains “veulent transformer le récit religieux en loi, loi qui serait supérieure aux lois de la République”. D’après lui, les représentants religieux, et notamment catholiques dont la religion incarne encore un héritage culturel majoritaire en France, ont un “devoir d’exemplarité” en matière de conception du droit au blasphème.
Un devoir d’exemplarité
Et de citer comme contre-exemple la réaction du pape au lendemain de la tuerie de Charlie Hebdo en janvier 2015. “Si on insulte ma mère, je mets une claque », avait déclaré le Saint-Père. Une phrase qui ne laisse pas indifférent l’avocat de l’hebdomadaire satirique : “La violence n’est jamais une solution”, rétorque-t-il. De même, la réaction des évêques français qui affirment : “oui, la caricature c’est bien, mais il ne faut pas l’exercer”, semble tout aussi ambiguë. “C’est une posture qui n’est pas neutre non plus”, affirme Richard Malka. “Cela montre qu’on est dans l’obligation de respecter la religion”. Or, “les représentants de l’Eglise catholiques ont un peu de retard sur la question des caricatures par rapport aux autres religions. Le discours du grand rabbin, des protestants (…) est beaucoup plus clair : “On aime pas ça mais c’est la loi de la République, on la respecte. Nous l’acceptons”. “Vous avez ce devoir d’exemplarité”, répète-t-il.
La notion de droit au blasphème renferme, selon lui, une nuance importante à maîtriser : “je ne suis pas obligé de respecter votre croyance. En revanche, je suis tenu de vous respecter vous, en tant que personne. Si vous croyez au dieu grenouille, je n’ai pas à croire au dieu grenouille, je vous respecte “vous”. Moi ce que je conteste, c’est l’obligation qui me serait faite de ne pas critiquer votre foi, si vous le faites, c’est de l’idolâtrie”.