L’abattage des chênes pour Notre-Dame signe le début de sa renaissance
L’opération d’abattage de chênes, triés parmi les beaux spécimens, a débuté la semaine dernière un peu partout en France. Pendant ce temps à Paris, la phase de sécurisation de la cathédrale se poursuit.

C’est un petit bout de chaque région de France qui sera bientôt gardé sous (et sur) les toits de Notre-Dame. Un peu partout dans l’Hexagone, des chênes centenaires, sont sélectionnés pour la reconstruction de la flèche et de la charpente de la cathédrale détruites lors de l’incendie du 15 avril 2019. 1200 arbres, parmi les plus beaux spécimens, sont nécessaires pour ce chantier d’ampleur nationale. Dès le lendemain de l’incendie, de nombreux propriétaires forestiers ont manifesté leur soutien et fait don de leurs chênes pour une reconstruction à l’identique de l’ouvrage médiéval. La plupart des dons proviennent en majorité de cinq régions (Bourgogne, Centre Val de Loire, Grand Est, Pays de la Loire, Normandie) et sont issus pour moitié de forêts publiques (dont 355 données par l’Etat), pour moitié de près de 150 forêts privées.
Une opération inaugurée par deux ministres
L’opération de sélection a été inaugurée en grandes pompes le 5 mars dernier dans la forêt de Bercé dans la Sarthe, une forêt de chênes plantée sous Colbert, premier ministre d’État sous le roi Louis XIV, dotée des plus belles essences de bois. Le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie et son homologue de la Culture Roselyne Bachelot étaient d’ailleurs présents. Cette dernière a symboliquement planté un écriteau sur le tronc d’un de ces arbres, avec la mention « arbre numéro un ». « C’est un chantier qui concerne toute la France. Il permettra d’assurer la sécurité de la cathédrale pour huit siècles, dix siècles« , a aussi assuré le général Jean-Louis Georgelin, qui préside l’Etablissement public chargé de la sécurisation et de la restauration de Notre-Dame.
Sélectionnés sur place par un organisme interprofessionnel, « France Bois Forêt », les chênes sont ensuite coupées par des agents de l’Office National des Forêts (ONF). Pour correspondre au mieux à la configuration de l’édifice, chacun des chênes est trié sur le volet : ceux qui présentent des nœuds sont mis de côté. A l’inverse, ceux dont la forme est légèrement courbée sont choisis afin que les futures poutres puissent « suivre la courbure des voûtes en reliant les piliers de la croisée du transept« , explique à l’AFP Aymeric Albert, chef du département commercial de l’Office national des forêts (ONF).
Dans le même temps, une pétition a été envoyée à une autre ministre cette fois : Barbara Pompili, chargée de la Transition énergétique. Plus de 40 000 personnes demandent ainsi l’arrêt de l’opération et dénonce un « écocide et une aberration ». Face à l’ouverture d’un nouveau débat, la filière bois s’est fendue d’une réponse claire. Selon l’ONF, ces mille chênes représentent « 0,1% de la récolte annuelle de bois de chêne destiné à la construction ou l’ameublement ».
🌳FAKE NEWS 2/10 1000 chênes/2500 m3 de bois pour reconstruire la charpente de la flèche et du transept.
→La chênaie française représente 600.000.000m3.
→Le prélèvement correspond à 0,1% de la quantité de chênes abattus annuellement en Fr pour la construction et l’ameublement. pic.twitter.com/IZ0OLPWWWp— France Bois Forêt (@franceboisforet) March 10, 2021
Entreposés pendant un an minimum
L’opération doit s’achever d’ici les prochains jours avant que ne commence la montée de la sève, prévue en fin d’hiver. Une fois coupés, les arbres seront ensuite transportés vers des scieries où ils seront entreposés entre 12 et 18 mois jusqu’à ce qu’ils atteignent un taux d’humidité de moins de 30%. Ils devraient être amenés sur le chantier en 2023.
A Paris, pendant ce temps, la phase de sécurisation du chantier n’est pas encore achevée. La reconstruction devrait démarrer à l’automne prochain avant une réouverture au culte de la cathédrale de Paris prévue en avril 2024, comme promis par le président de la République.
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