Emploi : Seniors, « ayez confiance en vous et ne vous interdisez rien »
Vendredi 30 avril 2021, Marie-Ange de Montesquieu se penche sur l’emploi des seniors. À partir de 45 ans, les salariés sont davantage perçus comme un coût pour l’entreprise plutôt qu’un avantage. Le constat est clair, net et précis pour Serge Guérin, sociologue spécialiste des questions liées au vieillissement et à la « seniorisation » de la…
Vendredi 30 avril 2021, Marie-Ange de Montesquieu se penche sur l’emploi des seniors. À partir de 45 ans, les salariés sont davantage perçus comme un coût pour l’entreprise plutôt qu’un avantage.

Le constat est clair, net et précis pour Serge Guérin, sociologue spécialiste des questions liées au vieillissement et à la « seniorisation » de la société, et auteur des « Quincados » : passé les 45 ans, l’entreprise vous considère comme « senior » et vous associe le schéma « vieillesse, maladies, mort » assez rapidement. Mais pourquoi, et comment dépasser cette idée ?
Des stéréotypes tenaces
Lorsqu’une personne dite senior se présente à un entretien d’embauche, l’entreprise a tendance à y voir un coût. Certains stéréotypes ont la vie dure, et constituent de véritables barrières à l’emploi des seniors. La plus courante selon Serge Guérin étant le fameux « les seniors sont mauvais en nouvelles technologies ». A cela s’ajoute l’image de l’employé modèle que le recruteur a en tête qui se rapproche davantage d’une trentenaire dynamique que d’un senior en fin de carrière, comme l’explique Corinne Tallet, consultante Développement Professionnelle à l’APEC -Association pour l’emploi des cadres- de Balard.
A ces stéréotypes viennent s’ajouter des contraintes de salaire : un senior va coûter plus cher à l’entreprise qu’un junior. Maurice Daccord, qui a travaillé dans plusieurs domaines, de la musique à la fonction publique, fait le constat aujourd’hui que « les jeunes sont considérés comme étant plus malléables que les seniors. » Corinne Tallet rebondit : « les seniors ont toujours travaillé d’une manière, donc il y a cette idée qu’ils ne sauront pas s’adapter aux méthodes de travail de l’entreprise. »
Enfin la société a évolué de manière à faire prévaloir l’hyper spécialisation des diplômes et donc des métiers plutôt que le côté « généralistes » dont vont preuve nombre de seniors.
Comment s’en sortir et retrouver un emploi ?
Selon les chiffres de Pôle Emploi, il y a 964 000 chômeurs de plus de 50 ans à la fin de 2020, et leur durée moyenne d’inscription au sein de l’établissement est de 679 mois (23 mois) contre 239 jours pour les moins de 25 ans. Les seniors sont donc plus touchés par le chômage de longue durée. Lorsque les personnes se rapprochent de la retraite, cela devient « moins grave », notamment pour les syndicats d’employés de les voir perdre leur emploi. Ceux qui trouvent du travail peuvent être « mis au placard » comme l’explique Maurice Daccord : « on m’a donné quelques tâches à faire et puis voilà. » Cela pèse sur le moral et la confiance en soi des seniors.
1ère étape : reprendre confiance
Serge Guérin l’a bien observé : « Vieillir peut être aussi associé à une perte d’estime de soi, ‘je ne suis plus capable de faire ça’, et si on rajoute une deuxième perte d’estime de soi qui serait ‘en fait tu ne sers pas à grand-chose dans l’entreprise’ c’est un peu violent » La première chose à faire est donc de se rendre compte de la plus-value qu’en temps que senior, il est possible d’apporter à l’entreprise. Corinne Tallé donne pour exemple la gestion du stress qui est mieux appréhendée par des seniors que par des juniors et qui constitue un pion à avancer pour contrer l’hyper spécialisation des diplômes. De son côté, Serge Guérin avance l’idée d’avoir une entreprise qui correspond à la société pour comprendre les besoins de chaque clientèle par exemple.
2ère étape : ne pas se fermer de portes
Nombreux sont les seniors qui ont eu l’habitude de travailler dans de grosses entreprises. Or il existe différents types de lieux de travail possible : des PME, des start-up, mais aussi la possibilité d’avoir différents types de contrats. Le chômage doit être perçu comme un pas de côté, avec la possibilité de se demander ce que l’on souhaite faire, ce que l’on peut faire. Une formation dans un domaine très différent reste possible.
Au niveau des prétentions salariales, il arrive que les chercheurs d’emploi se doivent de les revoir à la baisse. Dans ce cas, il y a une manière de présenter les choses à l’employeur explique Corinne Tallé: « Il ne faut pas penser que dire ‘je suis prêt à baisser mon salaire’ça suffit. Il faut expliquer pourquoi, comment je suis prêt à le baisser et à rester sur cette base salariale de manière durable »
3e étape: se créer et entretenir un réseau
L’APEC travaille sur l’idée de partenariats qui permettent à chacun de trouver son compte. Corinne Tallé ajoute : « J’invite tous les gens de plus de 22 ans à avoir autour d’eux, dans leurs relations professionnelles, des juniors qui ont besoin de votre aide pour entrer en entreprise et dont vous aurez besoin pour rester en entreprise. »