17.06.20 Catégorie(s) : Grand Témoin

Bernard-Henri Lévy : « gestes barrières, un mot qui me semble atroce »

Bernard-Henri Lévy, écrivain et philosophe, auteur de « Ce virus qui rend fou » aux éditions Grasset, est l’invité d’Yves Delafoy. Au menu : la Covid, le politique, les médias et l’oubli du reste du monde… Le monde d’après ? « J’y crois depuis 50 ans et j’essaie d’y contribuer tous les jours de ma vie…

Bernard-Henri Lévy, écrivain et philosophe, auteur de « Ce virus qui rend fou » aux éditions Grasset, est l’invité d’Yves Delafoy. Au menu : la Covid, le politique, les médias et l’oubli du reste du monde…

Le monde d’après ? « J’y crois depuis 50 ans et j’essaie d’y contribuer tous les jours de ma vie depuis 50 ans par mes livres et mes actions », déclare Bernard-Henri Lévy, « mais le monde d’après, parce qu’un virus aurait parlé à l’âme d’écologistes radicaux, ça je trouve que c’est une bêtise et que ce n’est pas digne… Je n’y crois pas ! ». Le philosophe le répète : « de mauvaises mesures ont été prises, j’espère que cela servira de leçon pour la prochaine épidémie ». Pour lui, c’est une évidence, « une société totalement hygiénisée, ça n’existe pas… Il y aura d’autres virus ».

« Les gestes barrières : un mot qui me semble atroce, je ne l’aime pas »

« J’ai essayé de faire tomber les barrières entre les pauvres et les riches, les juifs et les chrétiens, entre les croyants et les incroyants, ceux qui croient aux Lumières et ceux qui y croient un peu moins, entre les autres », explique Bernard-Henri Lévy, « j’espère que l’on n’oubliera pas ce moment de folie collective qui s’est emparé à peu près de tout le monde ». L’écrivain parle d’un moment de mise à l’arrêt de l’histoire. « On a actionné un disjoncteur, il y a eu une tenaille terrible entre, d’un côté les despotes, les technocrates de l’autre, et l’extrême gauche radicale cherchant à arrêter la course folle vers la consommation excessive et pensant que l’on va pouvoir recommencer le monde sur une page blanche… Le messianisme ce n’est pas ça », ajoute Bernard-Henri Lévy, « on ne peut accepter ce genre de balivernes, ces religiosités profanes, c’est de l’idôlatrie ! ». Dans « Le politique », l’un de ses dialogues, Platon met en exergue deux options : le médecin ou le politique. Il dénonce le danger de la médecine au pouvoir, qui dit qu’avant d’être des âmes, on est des corps, avant d’être des corps, on est des organes… ». « La santé, c’est plus que le silence des organes », insiste Bernard-Henri Lévy, « une vie, ce n’est pas seulement un corps, c’est aussi un trait de foudre qui vient intensifier un corps ».

La presse a oublié le reste du monde

Bernard-Henri Lévy est l’un des rares à s’être rendu au Nigéria où les chrétiens sont persécutés par des djihadistes peuls. « On avait tous l’oeil sur la Covid,… le Nigéria, la situation au Liban, tout le monde a oublié », dit-il. Et le philosophe d’évoquer cette phrase de Blaise Pascal qui a été si souvent détournée ces derniers temps, « tout le malheur des hommes vient de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre ». « Pour Pascal, c’est une expérience métaphysique, c’est une épreuve atroce, l’expérience de l’infini… Mais Pascal dit autre chose : le moi est haïssable ». Et Bernard-Henri Lévy de conclure : « tous ces bobos qu’on a vus vivre le Covid comme une expérience intérieure, une sagesse retrouvée, la réconciliation avec soi-lême, c’est anti-pascalien, c’est hostile à la vraie sagesse humaine qui consiste, au contraire, à aller vers l’autre, pour l’embrasser, pour dialoguer, pour s’en défier parfois ».

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