01.10.20 Catégorie(s) : Abus sexuels

Pédophilie dans l’Eglise : le Cardinal Barbarin sort de son silence dans un livre

Huit mois après sa relaxe en appel de non-dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs, le cardinal Barbarin vient de faire publier un livre dans lequel il revient sur son rôle dans l’affaire Preynat. « En mon âme et conscience ». C’est le titre du livre écrit par le cardinal Philippe Barbarin à paraître ce jeudi aux éditions Plon. Condamné en première…

Pope Francis has accepted the resignation of French cardinal Philippe Barbarin who had been caught up in a sex abuse case ---- File - Vatican (Italy): Portrait of Philippe Barbarin, French cardinal-archbishop of Lyon on November 28, 2012. Photo by Soudan/ANDBZ/ABACAPRESS.COM | 664917_004 Vatican Italie Italy
Pope Francis has accepted the resignation of French cardinal Philippe Barbarin who had been caught up in a sex abuse case —- File – Vatican (Italy): Portrait of Philippe Barbarin, French cardinal-archbishop of Lyon on November 28, 2012. Photo by Soudan/ANDBZ/ABACAPRESS.COM | 664917_004 Vatican Italie Italy

Huit mois après sa relaxe en appel de non-dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs, le cardinal Barbarin vient de faire publier un livre dans lequel il revient sur son rôle dans l’affaire Preynat.

« En mon âme et conscience ». C’est le titre du livre écrit par le cardinal Philippe Barbarin à paraître ce jeudi aux éditions Plon. Condamné en première instance en mars 2019  pour ne pas avoir signalé à la justice les agissements pédocriminels du prêtre Bernard Preynat, l’ancien archevêque de Lyon avait finalement était relaxé en appel en janvier dernier. En mars 2020, Barbarin annonçait qu’il quittait ses fonctions au Primat des Gaulles, une démission acceptée par le pape François avant de rejoindre trois mois plus tard l’archidiocèse de Rennes, où il est aujourd’hui aumônier de la maison-mère des Petites Sœurs des pauvres à Saint-Pern, en Ille-et-Vilaine.

Depuis son retrait de la vie publique, le cardinal Barbarin semble avoir mûri sa version des faits.  « Le temps est venu d’apporter mon témoignage« , écrit le prélat en incipit. Ce livre en forme de plaidoyer complète les arguments déjà énoncés à la barre lors du procès : « Non, je n’ai jamais cherché à cacher des faits de pédophilie ou à entraver le travail de la justice« , écrit-il dans ce livre. Un livre qui vise selon lui « à rétablir la vérité des faits« , pour « sa famille » mais aussi  « en pensant aux victimes de Bernard Preynat et à toutes les victimes » : « On a faussé tout ce que j’ai pu dire. On a interprété des faits en les détournant. On m’a traité de pédophile dans le métro, dans les rues, quand j’allais prendre le train. Je n’étais plus “audible. J’étais coupable. Je peux comprendre. » Celui qui dit être victime d’un assassinat médiatique refait son procès et reprend au fil de l’ouvrage la chronologie des faits depuis les alertes sur les agissements de Preynat jusqu’aux conseils demandés auprès de Rome.

Barbarin fait acte de contrition

S’il déplore être devenu le bouc-émissaire pour toute l’Eglise, il assume aussi ses erreurs. Il reconnaît notamment celle d’avoir fait changer le père Preynat de paroisse en 2010 sans plus d’investigation : « C’est une erreur, j’ai eu tort (…) J’aurais dû insister pour qu’il (…) m’explique (…). Avec le recul, je m’en veux de ne pas l’avoir interrogé davantage. J’ai manqué de courage« , admet-il. Enfin, il déplore avoir prononcé en 2016 la fameuse phrase « grâce à Dieu les faits sont prescrits », une expression « complètement déplacée ! », une « bêtise », une phrase devenue symbole du malaise dans l’Eglise.

Quant aux rouages de l’institution catholique, il n’élude pas le problème de l’omerta : « Oui, il a existé et il existe peut-être encore dans l’Eglise des puissances de frein, comme dans toutes les institutions ! ». Mais, selon lui, « ces lourdeurs (…), ces silences qui sont en réalité des mensonges et des lâchetés, viennent de la peur« .

Côté victimes, l’accueil est en revanche mitigé. « Je comprends sa démarche, il en a pris plein les dents et ça doit être difficile quand on s’est autant pris les pieds dans le tapis (…) mais moi ce qui me dérange, c’est qu’il conserve le rang d’archevêque et se vante toujours de sa proximité avec le pape« , a ainsi déclaré François Devaux, cofondateur de l’association de victimes « La Parole libérée » et de conclure qu’il ne lira pas le livre.

Avec AFP

 

N.B : Le cardinal Barbarin sera reçu mardi 6 octobre par Louis Daufresne dans Le Grand Témoin, sur notre antenne. 

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