Fabrice Hadjadj : « le progrès suppose un but qui reste fixe »
Grand Témoin – Invité au micro de Louis Daufresne, le philosophe Fabrice Hadjadj s’exprime sur le progrès dans la société, de l’intelligence artificielle à celui de la culture. Le philosophe questionne d’abord l’intelligence artificielle alors qu’Emmanuel Macron doit annoncer demain des mesures pour faire de la France un leader du domaine. Il l’appelle l’imbécillité artificielle. « Il…
Grand Témoin – Invité au micro de Louis Daufresne, le philosophe Fabrice Hadjadj s’exprime sur le progrès dans la société, de l’intelligence artificielle à celui de la culture.
Le philosophe questionne d’abord l’intelligence artificielle alors qu’Emmanuel Macron doit annoncer demain des mesures pour faire de la France un leader du domaine. Il l’appelle l’imbécillité artificielle. « Il faut bien pense ce qu’est l’imbécillité. Souvent on confond l’imbécillité avec l’ignorance. L’imbécile c’est celui qui a réponse à tout », analyse-t-il. Et de préciser : « ce n’est pas simplement ignorer qu’on ignore, donc croire qu’on sait tout alors qu’on ne sait pas, mais surtout ne jamais être dans cette position qui est au-delà de la logique de la solution à des problèmes ». La volonté de tout réduire à des choses calculables, des bases de données est pour Fabrice Hadjadj, d’une grande bêtise. Certes, il reconnaît des usages thérapeutiques mais pose la question : « est ce qu’il s’agit d’augmenter une intelligence ou de déléguer la gestion de l’existence à une machine extérieur ? ». Si c’est la deuxième solution, alors cette externalisation est néfaste.
Le progrès forcément bon ?
Pour Fabrice Hadjadj, tout progrès n’est pas bon à utiliser. Lui se dit technophile et fan de progrès mais pas n’importe lequel. Cette évolution doit avoir un but précis qui ne doit pas changer au cours du temps et toucher un même sujet. « Il faut que le sujet reste le même et qu’il y ait un but, une finalité qui me permette de mesurer le progrès », souhaite-t-il. Il prend pour exemple la culture et annonce la fin de la culture de masse grâce au développement d’internet et des solutions pour regarder des programmes variés à la télé. Ce progrès n’est pas bon car il ne permet plus de créer une chose commune. Regrettant le temps d’un nombre de chaînes réduit, il pointe du doigt que : « il n’y a même plus le film dont tout le monde parlait le lendemain ». Il y a deux mouvements : une individualisation et une massification. « On est peut-être dans le culturel, dans une accessibilité plus grande a des tas de choses mais ces choses pour devenir de la culture doivent être ressaisies personnellement au sein d’une communauté, au sein d’un dialogue et c’est cela qui manque », termine-t-il.